Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

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Ici c'est le printemps toute l'année !!!

samedi 13 février 2010

Valentine et Valentine




J'adooorrre ces deux filles !
Pourquoi ? Mais, vous ne devriez même pas poser la question tellement c'est flagrant, tellement ça crève la toile !
Mais, parce-qu'elles sont belles pour commencer, puis "Valentine" empreint de beaucoup de féminité, de vivacité, de finesse, de curiosité, leur va comme un gant et à plus forte raison quand on connait leur histoire comme moi !
Bon, d'accord, je vais de ce pas vous la raconter, je sens bien en vous cette frénésie à vouloir entendre des potins.


Elles étaient toutes les deux d'origine française, mais leurs familles bourgeoises pour des raisons politiques obscures avaient voulu s'installer à Buenos Aires avant même leurs naissances.
Dans les années trente le tango argentin battait son plein et avait séduit toute la bourgeoisie, dont elles et leurs maris respectifs.
Elles ne se connaissaient pas jusqu'au soir où elles se sont vues pour la première fois dans une milonga.
Elles ont tout de suite été frappées par leur ressemblance comme si elles se voyaient l'une l'autre dans un miroir.
Aussi, il n'a pas été difficile pour elles de faire spontanément connaissance avec grâce lors d'une pause rafraichissement, après deux heures consécutives intenses à tournoyer, à sautiller, à effectuer des boleos, des ganchos et avoir accepté des barridas et des mordidas.
Elles ont évidemment beaucoup ri au moment des présentations, pensant que chacune faisait une blague à l'autre.
Quand Bernardino et Rodrigo les ont rejoint au comptoir en les nommant par leur prénom identique elles ont immédiatement compris que cette rencontre allait sceller leur destinée au delà de toute imagination.
Elles se sont revues, toujours dans cette grande salle au carrelage sublime noir et blanc, brillant comme de l'ivoire poli et aux lumières tamisées dans les tons de grenat, une bonne dizaine de fois.
Mais, il ne leur a pas fallu longtemps pour comprendre que leurs maris respectifs ne valaient pas plus l'un que l'autre. Elles ne manquaient jamais l'occasion d'évoquer à toute allure, lors d'une pause buvette, ou sanitaire, leurs angoisses vis à vis de ces hommes dans la splendeur de leur machisme exacerbé.
Un samedi où il faisait un temps particulièrement glacial, la milonga était un tantinet désertée par ces messieurs qui sous prétexte de frilosité étaient restés collés au bar, beaucoup plus qu'à l'accoutumée.
Rodrigo et Bernardino étaient encore plus saouls que d'habitude et si leur infidélité à chacun était légendaire, elle se tenait toujours à une distance respectable de leurs épouses jusqu'à ce soir là où leurs pulsions sexuelles dépassaient les bornes en accostant chacun une personne de la gent féminine venues en solo jusqu'à ce bal, mais aussi dans ce même secteur alcoolisé.
Valentine et Valentine étaient restées assises en savourant mutuellement la présence de l'autre.
D'un air entendu elles se sont levées en même temps, sans aucune crispation, avec autant de légèreté qu'un voile qui s'envolerait par une fenêtre laissée ouverte un jour de grand vent.
C'est ainsi que dans un recoin, à l'ombre de tous les regards, elles se sont embrassées pour la première fois.
Quinze jours plus tard, elles s'enfuyaient toutes les deux pour aller vivre ensemble au Mexique où elles y vécurent heureuses jusqu'à la fin de leurs vies.


Je perçois au fond à gauche une tête mécontente par ce récit.
Comment ?
Vous avez envie de dire haut et fort que je suis complètement décalée et que c'est la Saint-Valentin aujourd'hui.
Oui, bon d'accord, peut-être !
Mais, depuis quand la fête des amoureux doit être consacrée qu'aux hétérosexuels ?
Et puis, Monsieur, si je peux me permettre de vous interrompre, en tant qu'hétérosexuelle, justement, cela ne fera que la treizième fois (si on compte à partir de l'âge de dix huit ans) de ma vie que je passe la Saint-Valentin toute seule, alors j'ai bien le droit de me faire plaisir en fêtant la Saint-ValentinE si j'en ai envie !


(Soupir)


Mais...qu'est-ce qu'elles sont belles !


Petit lexique de tango argentin :
Milonga : Bal de tango argentin
boleos : Battement de la jambe de la femme produit à partir d'un guidage de l'homme qui contrarie un huit arrière ou avant de la femme.
ganchos : Crochet réalisé entre les jambes du (de la) partenaire. Mouvement fouetté de la jambe autour de la jambe du partenaire.
barridas : balayage et déplacement du pied de la femme par le pied de l'homme.
mordidas : le danseur entoure le pied avant de la danseuse avec ses deux pieds, avant de reculer son pied droit et de lui proposer un huit avant.



Photo et texte de Mathilde Primavera.

16 commentaires:

  1. amour tourné vers le public, mais elles sont belles et fort délurées pour des bourgeoises de ce temps et ce lieu

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  2. Brigetoun : c'est une fiction, mais l'homosexualité a toujours existé depuis la nuit des temps, dans tous les milieux et peut-être encore plus dans la bourgeoisie . La différence avec aujourd'hui c'est que cela ne se savait pas ! Délurées ? Non, amoureuses et ouvertes d'esprit oui ! Un plus : réalistes, un tantinet féministes avant l'heure ! Certaines femmes n'ont pas attendu les années 70 pour s'affirmer. J'ai connu personnellement une femme qui a plaqué son mari en pleine nuit avec ses trois mômes dans un village très catholique ou la séparation et la demande de divorce étaient très mal vues. Elle a divorcé longtemps après une longue bataille. Dans l'intervalle elle avait un amant. Elle était née en 1900 dans une famille pratiquante et plutôt très modeste et a vécu à la campagne toute sa vie.
    Une femme admirable !

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  3. Absolument craquant.

    Le rêve : avoir une libido qui procède à la fois du meilleur féminin et du meilleur masculin... Mais serait-ce réservé aux bisexuels ?

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  4. Michel : dans ta description de la libido oui ça porte le nom de bisexualité justement !

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  5. Mauvais gout du matin :

    - hétérosexualité...

    - bisexualité!!!

    - homosexualité !!!

    - Monosexualité !!!

    Bonne St Valentin à tous, si ce n'est pas une fête simplement mercantile...

    Ne souffre pas ma chère Mathilde, pense à ceux ou celles qui sont en couple, se font chier, se font battre ou je ne sais quoi encore, à certains moment de la vie il vaut mieux être seul que mal accompagné... Même si cela ne te rassure pas j'en ai fait l'expérience, de cette solitude en apparente pesante, mais lorsque tu la confronte au marasme général, parfois elle te rassure... Il est clair que lorsque tu es bien accompagné, les choses changent mais il faut "tirer" le bon numéro (mauvais goût, mais je le fais quand même)si tu as l'espoir tu vaincras ce mur ...
    Comme disent les gardians : foi charité & Espérance

    Courage ma belle!!!
    Lou Sèrgi, qui a oublié de lui souhaiter (à Catherine) quoi que cela soit, à peine les anniversaires, le plus beaux des cadeaux c'est d'être ensemble...

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  6. Sergi : t'es trop mignon, ton message est top, mais je ne suis pas désespérée tu sais !!! Est-ce que mon texte montre un désespoir quelconque ? D'ailleurs, pour la St-Valentin 2009 j'avais écrit un texte là dessus et je t'invite à le lire en copiant ce lien :

    http://bienplusquedesmots.blogspot.com/2009/02/pour-les-amoureux-de-la-mise-en-scene.html

    En revanche, pas bien d'avoir oublié de fêter la St-Valentin à Catherine même s'il est vrai que c'est une fête commerciale et que l'essentiel est d'être avec l'autre.
    Les femmes aiment les attentions, surtout venant de leurs chéris, il n'y a rien de tel pour les faire fondre, c'est stupide, mais féminin !!! Et dans ton oubli, je te rassure tu ne dois pas être le seul, c'est typiquement masculin aussi !!!
    Quant à préférer être seule que mal accompagnée, c'est un de mes adages !!!

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  7. Elles ...zavaient.... de bien jolis croupions.... les Valentines, Valentines ....

    Cette photo aurait sans doute plu à Maurice Chevalier!

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  8. Matilda
    Te felicito por el post siempre se apoderan del día de San Valentín los heterosexuales, olvidando que el amor es universal, que no tiene fronteras sin Barreras. Si Gay está de vuelta aman, que lo disfruten en paz. Detesto las discriminaciones ... Un beso desde el fin del mundo.

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  9. Taty Cascada : Sí quería honrar a la homosexualidad para el Día de San Valentín, nos hablan a menudo de los homosexuales para plantear una discriminación cuando no fue un acto de homofobia, pero rara vez habla con marca de un acto de amor entre dos personas del mismo sexo como si fuera todavía un tabú. no queda claro en la mente de muchas personas, pero aún le molesta, aunque casi nadie se atreve a decirlo.
    Un beso !

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  10. Voilà un billet comme je les aime mais vous ne m'empêcherez pas de détester les fêtes créées ou récupérées par le mercantilisme ainsi que les médias qui participent au décervelage généralisé.

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  11. Olivier : Je suis d'accord avec vous pour les fêtes mercantiles, mais en même temps ça serait hypocrite de ma part en tant que femme, de dire que je n'aime pas qu'un "amoureux" pense à me faire un petit signe ce jour là ! Je ne connais aucune femme qui n'a pas le sourire, la pêche, si on lui témoigne particulièrement de l'attention ce jour là, qu'il soit verbalisé, symbolisé par un présent, ou bien en présence physique. Toutes les femmes, même les plus anticapitalistes comme moi restent attendries devant un homme qui tient tout penaud un bouquet de fleurs à la main ce jour là, en ce disant forcément "elle en a bien de la chance sa douce". On ne devrait pas attendre la Saint-Valentin pour témoigner son amour à quelqu'un, mais en général ce sont les mêmes qui le témoignent régulièrement et aussi, en plus, le jour de la Saint-Valentin. Idem pour Noël qui est devenue une fête très commerciale, ceux qui aiment gâter leurs proches ce jour là, les gâtent généralement plusieurs fois dans l'année. Enfin, il me semble. Tout cela profite à un système bien organisé, mais je ne veux y voir que du romantisme et de la bienveillance. Mon côté débile féminin !!!

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  12. "quelle soit verbalisée (l'attention)" et non pas "qu'il soit verbalisé (qui ne se rapporte à rien)".
    Je n'ai pas vérifié s'il y avait d'autres fautes, mé si vou zen trouvé mersi de meu le signalai !

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  13. délurées parce qu"elles prennent la pose pour un photographe, voyons !
    mais je venais parce que je me demandais si un danseur de tango t'avait enlevée.
    Bon je vois, que ça va - ou le semble. Tranquilisée

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  14. Brigetoun : tu es trop mignonne de t'inquiéter de savoir si je vais bien, mais dans ton commentaire tu ne crois pas si bien dire ! Pendant les hivernales il y a une pratique de tango ouverte de 17h30 à 19h à la maison Monclar toute la semaine et si je n'ai été enlevée par personne, j'étais bien au tango quand même !!! ça va bien, t'inquiète pas !!!

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  15. J'aime beaucoup cette ouverture sur l'homosexualité pour le jour de la Saint Valentine (pas de problème pour le mettre au féminin, les anglophones disent bien Valentine's day !!!)

    Mais je n'aime pas cette photo, je ne saurais pas trop expliquer pourquoi. Peut-être le geste de grattage plutot qu'une vraie caresse ?

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