Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)
samedi 6 février 2010
Un petit vélo dans la tête
Hier sur le blog de Nathalie "Avignon in Photos" j'ai confondu des groseilles avec des framboises.
A part les "golden" très facilement reconnaissables, j'ai le chic pour ne jamais acheter les pommes que j'aime.
Devant la vitrine du fromager si par malheur il vient à manquer l'étiquette avec le nom je pointe mon index et je dis : "je voudrais s'il vous plaît de ça."
J'ai aussi dans le même repas mangé des rouleaux de printemps cuits au four et des nems crus.
A 45 piges c'est intolérable, incroyable, invraisemblable, improbable, mais surtout irrémédiable.
Déjà petite je prenais des concombres pour des courgettes, des blettes pour des épinards, de la laitue pour de la scarole.
Du haut de mon petit 6 ans (l'année scolaire n'ayant pas encore débutée, je ne savais pas lire), je tendais le porte-monnaie à la marchande pour payer, elle se servait, remettait des centimes avec le ticket.
Si j'étais dégourdie pour converser avec la vendeuse j'étais aussi incapable de dire "je veux un kilo de blettes" car une fois arrivée chez le primeur je voyais vaguement ce que je devais acheter, mais sans pouvoir me souvenir du nom.
Régulièrement les menus devaient changer à la maison.
J'avais bien suggéré à ma mère de m'écrire sur un petit bout de papier ce dont elle avait besoin, mais elle me répondait systématiquement : "non, sinon tu ne vas jamais apprendre à les reconnaître et à mémoriser leurs noms."
Les rares jours où la chance était avec moi en ramenant vraiment ce qu'il fallait, je les vivais comme des moments de gloire.
Mais...j'ai fait bien pire.
Quand il s'agissait d'aller chercher du pain je demandais ce qu'il fallait que je rapporte en cas de pénurie de baguettes, ce en quoi ma mère répondait :"un équivalent."
Un jour où un car de touristes avait dû débarquer pour acheter tout le stock et se faire des "sandwiches" j'ai lancé très fière : "je veux un équivalent."
Par quel miracle avais-je bien pu retenir ce nom alors que celui de laitue m'échappait systématiquement ?
La boulangère m'a proposé des bâtards, des ficelles, du pain restaurant...et à chaque proposition je m'énervais un peu plus en répondant : "ma mère m'a dit de prendre un équivalent."
J'ai fait le trajet du retour très contrariée avec un pain inconnu dans les bras, mais assurée qu'il valait mieux cet inconnu que pas de pain du tout.
J'avais tout de même la responsabilité de bien nourrir toute la famille pour la journée.
J'ai mis un peu de temps avant de comprendre le fou rire général familial quand j'ai annoncé :
"il ne faut pas me crier, la boulangère m'a vendu n'importe quoi, il n'y avait plus de baguette et d'équivalent !"
Photo et texte de Mathilde Primavera.
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j'adore (est ce parce que ? ben ça m'arrive)
RépondreSupprimerTrès beau texte Mathilde.
RépondreSupprimerSi un jour je te file un rencart, ne vas pas chez le voisin.
Brigetoun : hier en repensant à cet épisode de ma vie et en écrivant ce petit texte j'ai pensé à toi en me disant "Brigitte ne doit pas être mauvaise dans ces achats également, j'en suis sûre." A priori, tu confirmes !
RépondreSupprimerLou : Je suis écroulée de rire car je serais bien capable de raconter ma vie à un inconnu en parlant très très vite en étant persuadée que c'est vous et le pauvre Monsieur se demanderait qui est cette folle furieuse mais n'aurait pas eu encore le temps de me dire tout de suite un truc du style : "vous devez faire erreur, ce n'est pas avec moi que vous aviez rendez-vous."
RépondreSupprimerAu café Utopia la prochaine fois, si je vois un homme assis dans le beau fauteuil entre les deux salles, je poserais quand même la question : "c'est vous Lou Ravi ?" Je ne suis plus à une personne près qui va considérer que je suis un peu loufoque !
L'essentiel est que tu sois heureuse, de ne pas t'attacher à tous ces noms, toutes ces conventions du quotidien...
RépondreSupprimerUn monde de pulsion où l'on ne prendrait que ce que l'on désire ou a besoin???
Ne pas connaître la différence entre l'huître de Bouzigues & celle de Mèze surtout si elles sont détroquées ou collées, n'a pas une grande importance ... Puisque c'est la saison que les truffes viennent du périgord de Provence ou de Alba, c'est un raffinement Bobo, prétentieux illusoire, à terme il en devient presque banal...
Donc ce n'est pas grave, fait & dit ce que tu connais le reste, tu n'as pàas la vocation à être une encyclopédie, et puis si tu as un doute indique du doigt, souvent celui ou celle qui est en face se fera un plaisir d'étaler son savoir, illusoire, dernière solution va au supermarché & sert toi...
Tu as compris pourquoi il y a des supermarchés, stimulus de l'instinct de possession ???? Trop trash!!!
Sergi : c'est clair que ce n'est pas moi qui risque d'étaler mon savoir !!! Il en est de même avec les livres, les films, les C.D.,...je me rappelle rarement des noms, des titres, je fais partie des clients pénibles à la Fnac qui dit au personnel heureusement toujours au top : "vous savez le film où l'acteur blond qui plait généralement aux femmes, a un fouet et un chapeau...oh...le film est d'un réalisateur connu, mais oui, celui qui a fait le film sur l'Extra-terrestre..."
RépondreSupprimerEt aussi je dis souvent : "et "ça" ça veut dire quoi ?"
Bref, peu d'évolution depuis mon enfance !
Mais...je ne complexe pas, ça dérange plus certaines personnes que moi-même qui ose dire que quand je ne sais pas, je ne sais pas, même si a priori il s'agit de quelque chose d'élémentaire ! Et puis comme tu dis, il y a toujours qui aime étaler leur savoir, ça les flatte, mais je ne pose pas de question pour les flatter mais pour apprendre.
C'est d'ailleurs à force de poser des questions que j'ai appris pas mal de choses dans ma vie, en plus d'avoir lu tout Astérix bien-sûr !
"il y en a" et pas "il y a" et qui "aiment" et non qui "aime", désolée...j'ai encore tapé à toute barzingue !!!
RépondreSupprimerQuand on a un petit vélo dans la tête, on a le regard plus pur et on va plus vite vers les choses essentielles.
RépondreSupprimerJe préfère les petits vélos que les machines à calculer !!!
La photo est joliment touchante.
C'est un bio vélo.
Michel : je ne sais pas si j'ai le regard pur avec -4.5 et -4.5 de myopie à chaque œil, mais pour sûr, je suis allergique aux machines à calculer ! Quant au calcul mental, trop fatigant pour moi !
RépondreSupprimerMa pause café pour te relire. Vif et bien tourné ton récit. Mais attention à ne pas prendre des vessies pour des lanternes (on se brûle disait Dac) et si au bar d'Utop', devant ta tasse, un type te propose de tremper le biscuit ne vas pas lui dire que tu préfèrerais un longuet !
RépondreSupprimerBlague à part tu n'auras guère l'occaion de me voir chez Maître Patrick. Mon médecin m'en effet conseillé à mon âge d'éviter les faux-culs, les faux-semblants et les girouettes même si elles tournent plus lentement à l'abri des murailles. Mais ceci est une autre histoire.
J'ai bien aimé ta photo et le titre pour illustrer tes mignonnes étourderies. Ne vivant pus à Avignon je ne saurais trop où y faire mes courses. Je ne vais guère, de temps en temps, que chez l'incontournable Dino, le boucher de St Didier. Resteraient probablement les Halles, même si elles ont largement perdu de leur chalandise, pour y trouver des fruits de saison, pommes, poires, agrumes ayant du goût. Pour le pain je serais bien en peine. J'étais hier soir chez des amis où l'on s'est goinfré de bugnes et de cidre en écoutant et dansant sur Moussu T, et nous remarquions que très peu de boulangers faisaient aujourd'hui des brassadeaux ces échaudés que l'on mange en Provence à cette période de l'année.
Soit rassurée, tu n'es pas la seule à avoir des trous dans la tête c'est embêtant pour emplir son cabas, mais cela nous aère les méninges et nous met du ciel là où tant d'autres n'ont plus de place, ni pour le rêve, ni pour l'envie. L.
Pour moi tout le monde a un bug dans le programme de base ! plus ou moins gros, plus ou moins gênant ou charmant.
RépondreSupprimerUn petit vélo dans le ciboulot, c'est plus marrant qu'une araignée dans le plafonnier ;-)
Lou : Vous n'êtes pas mal non plus dans la prose mon cher !
RépondreSupprimerLe boucher "Dino", encore un endroit où nous risquons de nous croiser sans savoir qui est l'autre ?
Décidément, Avignon restera toujours une ville insolite !
Yvelinoise : tu dis ça pour me rassurer hein ?
RépondreSupprimerTexte délicieux et charmant!
RépondreSupprimerTon "équivalent" bien cuit me rappelle un joli mot enfantin...
A un enfant de maternelle (grande section), je disais: "Tu vois, on colorie avec application!", le bambin me répondit en cherchant de tous côtés dans la classe :"C'est qui "application"?"
Demain Matin Café aux Halles ou ailleurs?
RépondreSupprimernous sommes enfin libre un dimanche matin...
Epamin' : ah les mots d'enfants, de quoi faire "l'équivalent" (décidément il revient toujours lui !) de l'encyclopédie Universalis !
RépondreSupprimerSergi : Merci de préciser l'heure et le lieu (à voir) sur face-book et je te dirais au suivant. Beaucoup ici ne sont pas avignonais et risqueraient fort d'être frustrés de ne pas pouvoir se joindre à nous, même si j'emmènerai bien avec nous, Yvelinoise, Cri de la Vallée, Lou, Epamin' et bien d'autres encore, je ne peux pas citer tout le monde !
RépondreSupprimerMathilde,gracias amiga de Avignon, por pasar y comentar, siempre...bello trabajo, se nota mucha paz en lo que escribis...asi lo percibo yo
RépondreSupprimerun saludo
lidia-la escriba
Lidia : Tienes razón, ahora estoy bastante sereno ! Esperemos que dure !
RépondreSupprimerUn abrazo y hasta la vista !