Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)
Ici c'est le printemps toute l'année !!!

samedi 29 septembre 2012

Des femmes exceptionnelles (1)


Une danseuse de la compagnie de Anne Teresa De Keersmaeker dans le spectacle Rosas



Bienheureuse d'avoir eu le courage de pousser la porte d'un cours de danse contemporaine à 48 ans et des brouettes, et ce, même si je n'ai plus fait de classique de jazz et de flamenco intensivement à raison de 8 heures par semaine, depuis l'âge de mes 16 ans !

Je resterai naturellement une tanguera, mais j'avais besoin de reprendre contact avec mon corps, mon espace et mon expression personnels !


De surcroît, je reste persuadée que cette pratique va modifier positivement mon tango.

Avant d'atteindre le niveau des danseurs de Anne Teresa De Keersmaeker, une des plus grandes chorégraphes de danse contemporaine à mon sens, il me faudra certainement plusieurs autres vies, mais ce qui compte ce n'est pas le but mais le chemin !

J'ai choisi celui de la liberté !!!









Cet extrait me met quasiment en transe, tel le flamenco quand il est de qualité !!!

Je vous souhaite de vous régaler autant que moi en le visionnant !!!




Mathilde Primavera.

mercredi 26 septembre 2012

Des danseurs de tango exceptionnels !


Géraldine Rojas et Javier Rodriguez



Difficile de dire parmi les maestros de tango argentin qui je préfère tant il y en a d'excellents, mais si je devais retenir un seul couple je dirais que c'est celui formé par Géraldine Joras et Javier Rodriguez !

Même si vous n'y connaissez rien en tango argentin vous pourrez toujours admirer la beauté et la distinction de leur danse !!!






Mathilde Primavera.

dimanche 23 septembre 2012

Chaque jour un ange passe (1)




9h32

Derrière ma frange
Me dit : range
Faut que ça s'arrange !


9h57

Passe un ange
Encore en lange
Chantant des louanges !









"Toute chose visible en ce bas monde est confiée à un ange."
Saint Augustin (354-430)








L'ange Menadel 36


Pour toutes les requêtes, pour se sentir bien dans son corps et dans sa tête, que l'on soit seul ou chef de famille, pour savoir d'où l'on vient et avoir du respect pour ses ancêtres, pour conserver son emploi et ses moyens de subsistance, protection contre les calomniateurs et les médisants.





PRIÈRE



Je suis la Puissance de l'Amour.
Je suis l'Amour.
Je suis l'Amour Incarné.
Je suis l'Amour de vous-mêmes.
Je suis l'amour de la Vie, car sans vous, pas de Vie, sans Vie, pas d'Amour.
Je suis la Puissance incarnée en votre être.
Je suis la Force qui sous-tend toutes vos actions, toutes vos pensées, tous vos états.
Je suis la Puissance qui permet à l'Univers d'exister.
Je suis le regard que vous portez sur vous-mêmes.
Je suis le regard que vous portez sur le monde.
Je suis l'Amour que vous répandez sur le monde.
Je suis la Vie que vous distribuez par ce regard.
Je suis la reconnaissance de vous-mêmes.
Je suis la Source de vous, manifestée en votre présence, présence incarnant l’Énergie de Dieu.
Vous êtes l'Amour en puissance.
Vous êtes la Vie.

MENADEL, je t'accueille.








C'est aujourd'hui dimanche !

Le jour de l'archange Raphaël = Équilibre et synthèse

Soleil = Beauté, harmonie, synthèse des forces émotionnelles de l'âme, organisation des énergies, illumine la conscience.

Pierres de couleur jaune = Ambre, citrine, pierre du soleil, pyrite, topaze jaune, opale de feu.


Prière 


Glorieux archange saint Raphaël,
grand prince de la cour céleste,
illustre par les dons de la sagesse et de la grâce,
guide des voyageurs sur terre et sur mer,
consolation des malheureux et refuge des pécheurs,
je vous supplie de m'assister dans toutes mes nécessités et les peines de cette vie,
comme vous avez soutenu le jeune Tobie dans ses pérégrinations.
Puisque vous êtes le remède de Dieu,
je vous supplie humblement de guérir mon âme de ses nombreuses infirmités,
et mon corps des maux qui l'affligent si cette grâce me convient.
Je vous demande en particulier une angélique pureté
afin de mériter ainsi d'être le temple vivant du Saint-Esprit.
Amen.

Extrait de Saint Raphaël "Dieu guérit" - Prières, 1997
© Editions Bénédictines - Rue E. Guinnepain - 36170 Saint-Benoît-du-Sault - France

 








Mathilde Primavera.

samedi 22 septembre 2012

Soyons Zen !

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"Tous les hommes sont aptes à appréhender la Réalité de bouddha. La vitesse de progression dans l'appréhension de l'Éveil n'est qu'une question de diligence ou d'indolence. Ce qui fait la différence entre diligence et indolence, c'est d'avoir ou non de la détermination. L'absence de détermination vient de ce qu'on ne pense pas à l'impermanence. On meurt pensée après pensée et cela ne s'arrête pas un moment. D'un bout à l'autre de votre existence ne laissez donc pas passer le temps en vain, même pour un moment."



citation / prière n° 1680 : Dogen, (1200-1253), moine et philosophe japonnais, fondateur de l'école Soto, Bouddhisme, Mahayana, Zen
Source : Enseignements du maître zen Dôgen (Shôbôgenzô Zuimonki), Traduction de Kengan D. Robert, éditions Sully, 2001. 



"La vacuité absolue, c'est le nirvana de pureté..."



citation / prière n° 1610 : Chen-houei du Ho-tso, (668-760), moine et philosophe chinois, Bouddhisme, Mahayana, Zen
Source : Entretiens du Maître de dhyana Chen-houei du Ho-tsô, Traduction annotée par Jacques Gernet, Publication de l'École française d'Extrême-Orient, Hanoi, 1949, p. 106-109, cité dans Aux sources du Bouddhisme, Fayard, note p. 462-463  



Mathilde Primavera.

jeudi 20 septembre 2012

Publication sans intérêt mais qui m'amuse beaucoup




Aile n'a cas pas fer Sami Joret, hé le tour hait jouet.

Plait-il ?

Vous ne comprenez pas ?

Que nenni ?

Ah pardon !

Elle n'a qu'à pas faire sa mijaurée et le tour est joué !

Vous ne comprenez pas plus ?

Normal, je m'amuse à défragmenter un prénom qui me plait dans une phrase mystère !

Ça m'arrive, parfois.


Définition du mot DEFRAGMENTER :
Réorganiser le système des fichiers d'un disque dur afin de les agencer de manière continue. Permet de réduire les temps d'accès.


Je vous assure que le mot placé dans mon commentaire est vraiment approprié et si cela vous embrouille encore plus et bien tant mieux !!!






Mathilde Primavera.

mardi 18 septembre 2012

Comme une envie de bien-être...







































































Dedans en stance
Deux en danse
Sans effervescence
Avec aisance
Enflammer les sens
Calmer l'essence




Mathilde Primavera.





dimanche 16 septembre 2012

Qu'est-ce que l'Amour ?


19 juillet 2012


Vers une sagesse de l'amour, Platon, Proust, Pasolini, Lévinas

par Marc Alpozzo


Cliquez sur les deux liens suivants :


Source :

http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2012/07/19/la-sagesse-de-l-amour.html


Son blog :

http://marcalpozzo.blogspirit.com/




Qu’est-ce que l’amour ? Comment pourrions-nous définir le mystère de l'amour ?

Pourquoi ne pas commencer par Odette, la défaite de Swann, dans le fameux Un amour de Swann ?

Cette dernière n'a ni les qualités physiques exceptionnelles aux yeux de Swann, ni les qualités intellectuelles non plus requises pour qu'il tombe amoureux. Et pourtant ! L’art va précisément venir au secours d’Odette et jouer le rôle d’adjuvant puisqu’il va apporter l’aide en agissant dans le sens du désir de Swann. Comme si l'art et la vie ne faisaient qu'un, car pour Proust la vraie vie c'est la littérature. Et si nous devions nous en tenir à cette leçon proustienne, alors nous dirions qu’il faut mêler l'art et la vie afin de la transfigurer et de l'illuminer. N’est-ce pas Woody Allen qui disait dans Maris et femmes, la vie imite la mauvaise télévision ? Il s'agit donc dans un tout autre registre évidement, référence aux grand-chefs d’œuvre qui font vibrer nos âmes, de confondre l'art et la vie, et de nourrir notre vie du fruit de notre imagination. Donc transformer les personnes réelles en personnages imaginaires. Et je passe sur le rôle de la musique chez Proust !



Odette part. Ils se quittent. Cet amour fut un amour gâché, disons-le clairement ! Swan se dit : « Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ». Pourtant Swann ne pense pas que sa relation avec Odette fut une erreur. Et oui ! Il l'aima sa chère Odette, mais par la médiation de l'art. Nous pourrions évoquer là le fameux « désir mimétique » dont parle si bien René Girard dans son Mensonge romantique et vérité romanesque. Je prends l'exemple de Marcel, le narrateur de la Recherche, qui dit à plusieurs reprises que les choses ne l'intéressent qu’en fonction de ce qu’en dit Bergotte, son écrivain préféré, dans ses livres. Idem pour le désir. Il va transfigurer, voire illuminer une personne, au départ banale, à partir d'une œuvre ou d'une référence à un personnage qu'il admire dans une œuvre. C'est un acte quotidien qui, au fond, et réalisé par beaucoup d'entre nous.

Certes, la passion ne rajoute rien à l'être aimé. Proust en réalité redessine la passion amoureuse justement à partir d'une relation triangulaire, c'est-à-dire une médiation par l'art, et le désir mimétique. A partir de là, l'amoureux divague, agit comme un homme ivre, mais ne délire pas. La réciprocité n'est pas la vérité de l'amour pour Proust (cf. Sylvia de E. Berl), c'est un mirage ou un malentendu. Alors, oui, il y a bien toujours une erreur, voire une confusion à penser que l'être aimé l'est pour ce qu'il est. Il est toujours gratifié de vertus sublimes, de qualités fantasmées par celui qui l'aime, à partir du désir mimétique. Et avec Proust, la sortie est par le haut. L'art vient magnifiquement transfigurer et illuminer l'être ordinaire, qui, au moment d'une première rencontre, avait pu laisser l'autre de glace.



On pourrait y voir quelque chose de la cristallisation de Stendhal, mais à une différence près, c'est que Stendhal voit la passion d'un très mauvais œil. Ce qui n'est pas le cas de Proust. Chez l’auteur de la Recherche il y a quelque chose de très fort à propos de l'inachevé. Car si l'amour détrône la beauté, si l'être amoureux retrouve soudain pour le monde qui l'entoure un intérêt jusque là insoupçonné dans l'amour, la présence n'est qu'une modalité de l'absence. Marcel n'a jamais été aussi amoureux d'Albertine qu'au moment de son évasion, donc de son absence. L'amour pour l'autre, ou pour son énigme... Le désir est donc là du côté de l'accumulation, du manque. J'aime ce que je n'ai pas et je n'aime plus ce que j'ai. D'où le vide de la rencontre. Où se situe-t-elle ? Peut-être demeure-t-elle dans cette suspension au-dessus du vide. Et c'est ce vide que les amants cherchent éternellement à effacer, sans jamais y parvenir... On pourrait alors parler de vertige... vertige de l'amour inspiré de l'incognito de l'amour, de la distance et du mystère de l'autre...

Un vide, un manque, un vertige qui inspire nécessairement la peur... Eh oui ! C’est certain ! C'est ce qui re-donne d'ailleurs vie au désir. La peur de perdre l'autre demain, ou après-demain. La flamme du désir est par là toujours conservée par cette promesse d'absence. Finalement, on est soit dans la morale stoïcienne qui veut que l'on supprime tout désir qui pourrait nous causer une plus grande douleur demain, que le plaisir d'aujourd'hui ; ou l'on est dans la volonté de puissance de Nietzsche qui affirme le désir, l'intensité du désir au risque de la douleur qui va avec. Ce sera le désir comme production. Production d'un effort. Production de soi...

Qui ne veut souffrir souffrira de ce qu'il craint, car il vivra un amour au rabais ?




Aimer, c'est l'abandon de tout abri, c'est s'exposer, se vouer et même se soumettre. Ça transforme l'amant en un otage de l'être aimé, donc d'un absent, car l'autre au fond, nous échappe toujours. Il est et demeure un mystère. Que fera-t-il demain ? En aimera-t-il un(e) autre ? C'est la très injustement sous-estimée Madeleine Chapsal qui écrit dans un beau texte La Maison de Jade, alors que rien ne prédisposait à cette rupture, au lendemain de la trahison même de son amant qui l'a délaissée pour une autre, combien cette rupture l'a faite souffrir, poussée presque à la mort. Et pourtant elle achève son texte par cette phrase que je trouve d'une profondeur redoutable : « Il y a des hommes qu'il vaut mieux avoir eus qu'avoir à attendre. » Et pourtant la souffrance est toujours au bout du chemin, car l’amour, dans ce contexte, s’exprime toujours sur le mode du manque, car c’est avant tout, un amour passionnel, qui se nourrit du désir et de la privation. C'est un amour voué à être sans histoire. Sans durée. Sans lendemain. Une question typiquement occidentale et admirablement traitée par Denis de Rougemont dans son L’amour et l’Occident, auquel je renvoie pour plus de précisions.

***




Platon affirmait la même chose. C’est une étrangère, Diotime de la Mantinée, qui explique à Socrate, qu’éros peut être établi comme le désir d’être heureux. L’amour est donc un pont jeté entre le Beau et le Bien. Et avec pour médiation le désir d’immortalité. Alors que les hommes affirmaient par l’amour à la fois l’éducation et l’éjaculation, Diotime va féminiser l’amour est le recentrer autour de la procréation. Les hommes enfanteront pas l’esprit tandis que les femmes enfanteront par le corps. Mais ce qui est surtout à retenir, c’est que l’amour, c’est avant tout, le désir de connaissance, et précisément, le désir de Bien. Processus d’ascension spirituelle, à savoir donc philosophique, de perfectibilité de soi. Aimer comporterait l’idée pour Diotime que le Beau, qui serait au centre de tout amour, beauté des choses, beauté des âmes ou des actions, impliquerait un ascension dialectique qui s’étendrait de l’amour d’un beau corps à tous les beaux corps, puis d’une belle action à toutes les belles actions, pour enfin s’achever dans l’amour de toutes les belles âmes. Enfin, l’amant pouvant contempler l’idée de beau, parviendra à la beauté absolue qui est correspondante à l’idée de Bien.

En effet, lorsqu’on aime quelqu’un, on souhaite son bonheur et son bien. On agit le plus noblement possible pour l’honorer, et cette contemplation de la beauté en elle-même conduit à la beauté des discours fondés essentiellement sur le vrai et le bien, ce qui est une porte ouverte sur la voie du bonheur. Mais alors que fait-on du manque chez Platon ? Ce manque à l'origine de tout désir...



Il y plusieurs conceptions d’éros dans Le banquet de Platon, mais celle de Socrate, citant Diotime, est la plus juste : « Eros, parce qu’il est dépourvu des choses bonnes et des choses belles, a le désir de ces choses qui lui manquent. » L’origine d’éros permet de comprendre ce qu'est l’Amour, - n'étant autre que le manque, là encore. Par sa mère, il est pauvre, rude, sale, va-nu-pieds et tient compagnie à l’Indigence. Par son père, il est toujours à l’affût du beau et du bien, courageux, entreprenant et ardent. Ainsi, il ne connaît ni complet dénuement, ni véritable richesse. L’amour conjugue donc à la fois la plénitude et manque, ce qui fait de lui le moteur de la recherche du Bien. D’un côté on ne possède pas le Bien, et de l’autre on le cherche parce qu’on le ressent en soi. C’est ainsi que l’amour est dynamique et une force motrice. « C’est un grand démon, Socrate, continue Diotime. En effet, tout ce qui présente la nature d’un démon est intermédiaire entre le divin et le mortel. » L’Amour n’est pas un dieu, car il désire le Bien et le Beau, qu’il n’a pas complètement mais que les véritables dieux ont. Diotime définit l’amour comme un daïmon, car il est un intermédiaire entre les dieux et les hommes. Sa nature est à la fois métaphysique, spirituelle et terrestre. Le pouvoir de l’Amour en tant que daïmon, est de traduire et de transmettre aux dieux les messages des hommes et aux hommes les messages des dieux. Par sa situation intermédiaire, il comble les intervalles et relie les contraires, car il se situe à mi-chemin entre la Sagesse, attribut des dieux, et l’ignorance, attribut de la majorité des hommes. Il est ainsi une puissance universelle qui maintient l’unité du monde.

Ce que l’on pourra évidemment reprocher à une telle conception platonicienne, c’est sa conception anthropologique de l’amour. En effet, où est l'Homme? « Le dieu n’entre pas en contact direct avec l’homme ; mais c’est par l’intermédiaire de ce démon, que toutes les manières possibles les dieux entrent en rapport avec les hommes et communiquent avec eux, à l’état de veille ou dans le sommeil. » Pour l’homme, il s’agit de s'élever, de se séparer du futur gisant que sera chaque vivant. Pourquoi donc la vie vaudrait-elle d’être vécue selon Diotime ? « C’est à ce point de la vie, mon cher Socrate, plus qu’à n’importe quel autre, que se situe le moment où, pour l’être humain, la vie vaut d’être vécue, parce qu’il contemple la beauté en elle-même (Le banquet, 211d.) Voilà en germe le judéo-christianisme.

Avec Platon, la conscience amoureuse est une conscience morale.



***

Jacques Lacan, dans la droite ligne de Hegel, oppose au besoin, strictement biologique, le désir qui, satisfait, révèle l’humanité de la conscience à travers la reconnaissance par une autre conscience, le sujet ne pouvant être réduit aux choses du monde, ne pouvant s’y tenir. C'est-à-dire dans l’ordre des fins, autrement dit ce qui peut-être anticipé et donc maîtrisé quand bien même les moyens manqueraient pour l’obtenir, le sujet doit pouvoir révéler sa toute-puissance sur son monde. L’autre, celui à qui il pourra formuler sa demande, sera le lieu où se manifestera son désir. En demandant quelque chose à l’autre que moi, je manifeste ma toute-puissance car j’exige de lui quelque chose. Voilà où soudain le problème de l’amour surgit. L’amour, nous dit Lacan, c’est donner quelque chose que l’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas. Pourquoi ? Précisément parce que cette demande ne fait que masquer le manque fondamental qui motive la demande. Sans manque, il est évident, que la demande n’aurait pas lieu d’être. La demande est donc simultanément une négation de ma toute-puissance. L’amour est la jouissance de l’impasse de la jouissance. « N’est-ce pas dire, écrit Lacan, que c’est seulement par l’affect qui résulte de cette béance que quelque chose se rencontre, qui peut varier infiniment quant au niveau du savoir, mais qui, un instant, donne l’illusion que le rapport sexuel cesse de ne pas s’écrire ? [...] Le déplacement de la négation, du cesse de ne pas s’écrire au ne cesse pas de s’écrire, de la contingence à la nécessité, c’est là le point de suspension à quoi s’attache tout amour » (Lacan, Encore, p. 132). Ce qui est en réalité demandé à l’autre, c’est de combler un manque originel, un vide d’être qui est le désir lui-même. L’amour lui-même ne peut pas répondre de la jouissance du corps de l’Autre, car l’amour ne répond que d’un manque. L’amour étant à la fois la castration elle-même et le désir, il ne saurait combler les besoins imaginaires de l’Autre. Deux choix s’ouvrent alors à nous : proposer de combler le manque de l’Autre, au point de confondre son désir et notre demande, ou réduire le désir à une « pure » jouissance. Le premier cas est celui du « névrosé » qui va renoncer à toute jouissance et toute sensualité au profit de la tendresse. Le second est le « pervers » qui réduit l’amour à l’érotisme et le désir à la seule volonté de jouissance. Le manque étant alors la seule condition commune aux hommes, la demande ne peut être qu’insatisfaite, d’où la profonde ambiguïté des relations à l’autre.

***





Dans ces « rapports amoureux » qui sont là en réalité pour « supporter » et soutenir l’absence de jouissance de l’Autre, nous allons maintenant essayer de comprendre comment cette fonction support est à la fois assumée par le désir mais surtout par son objet. C’est précisément dans la question des corps, car l’objet lui-même possède un double statut, comme « cause du désir » et comme « plus-de-jouir », que nous trouverons peut-être la solution de notre problème. Prenons la magistrale œuvre de Pier Paolo Pasolini Théorème, un jeune homme d'une étrange beauté s'introduit un jour dans la demeure, jusqu’ici très calme, d’une famille bourgeoise, dont toutes les valeurs sont désuètes. Le père, la mère, le fils, la fille et même la bonne succombent à son charme. Chacun leur tour, ils découvriront un amour physique exceptionnel avec cet homme, avant que ce dernier ne reparte, tel qu’il était venu. Mais chacun restera ébranlé de cette rencontre, au point de ne plus pouvoir vivre de la même façon. S’en suivront une vraie déchéance de tous les membres de la famille. Bouleversés par le départ de l'intrus, qui leur aura servi de révélateur dans leur existence jusqu'alors vaine et futile, tous vont réagir, chacun à sa façon, violemment et individuellement, afin de supporter la perte de cet ange, figure quasi christique, qui les laisse face à leurs propres angoisses métaphysiques. Dans sa théologie du corps, Pasolini menant également une enquête sur la sainteté, va alors conclure que « tandis qu(une) sainte paysanne peut se sauver, fût-ce dans une impasse historique, aucun bourgeois par contre ne peut trouver le salut, ni sur le plan individuel, ni sur le plan collectif » (Théorème, p. 161.) La raison à cela : le bourgeois a remplacé son âme par sa conscience.



Y aurait-il alors une absence de sagesse du corps au profit de l’âme ? Dans cette histoire, il y a eu tout de même jouissance du corps de l’Autre comme dans la théorie lacanienne. Rien d’étonnant pour le coup, puisqu’il n’y a de jouissance possible, que du corps, même si cette jouissance reste, dans l’absolu, exclue. D’où la nécessité du concept d’objet et donc l’obligation connexe de relancer la machine du désir, ne serait-ce que pour préserver la possibilité même d’une jouissance. Dans un accès de grande déprime lucide, Pasolini confia un jour à un journaliste : « Au fond, de l’éros des autres, on sait toujours très peu. Peut-être parce qu’on en parle très peu, même entre amis, et toujours d’une façon ironique ou spirituelle, […] l’érotisme est un phénomène excessivement individuel. » Que doit-on alors comprendre ? Dans cette petite famille bourgeoise, l'amour et la passion sont soudain venus, par la médiation de ce passager mystérieux, dévorer leurs corps et leurs cœurs. Un terrible sentiment de culpabilité les écrasant soudainement, on les verra errer vers d'autres horizons, sous le poids d’une authenticité lourde à assumer, et sans jamais retrouver le bonheur de cet instant charnel trouvé avec cet étrange visiteur. Fable à la fois religieuse et métaphysique, c’est surtout une parabole sur le pouvoir du sexe, et sur les bio-pouvoirs que Foucault avaient très bien analysés également. Il s'agit pour la société de réguler les corps, de les vider de toutes pulsions dangereuses pour le groupe. Une fable qui pourrait nous rappeler une nouvelle fois les thèses nietzschéenne sur l'exaltation des pulsions et la réhabilitation de l’intelligence du corps. En effet ! Il s'agit de considérer que la vie est un éternel retour du même. Alors il faut se demander si cette vie vaut vraiment le coup d'être vécue, jusqu'à cette répétition intraitable. Au choix, c'est soit la morale du troupeau, et l'amour en charentaises dans un confort petit bourgeois, où les pulsions et l'intensité ont été refoulées, ou c'est le recours à l'imagination, le désir, et l'acte créateur.

***






On trouvera guère plus de solution de sortie pour sauver l’amour, en relayant ici la pensée de Sartre qui, à son tour, pense le désir sous l’angle d’une lutte des consciences sans la moindre trêve : le désir sexuel est cette ultime tentative pour soumettre l’autre à son propre désir, à le réduire au statut d’objet. En effet ! Qui suis-je ? Sujet, conscience, liberté, au même titre que l’autre qui, en me désirant, me transforme en objet, et me vole ma liberté et mon monde. Le mouvement du désir devient donc l’effort désespéré pour réduire la distance pourtant insurmontable de la subjectivité et de l’objectivité, pour que la liberté de l’autre se réduise à son corps. Mon regard le dépossède de lui-même car je le constitue en objet parmi les objets du monde. Autrui devient par là même une pleine subjectivité dans la mesure où il n’y a d’objet que pour un sujet. Mais pour se ressaisir en tant que sujet, il doit à son tour me constituer en objet. C’est là le sens de la possession qui fait de tout amour un amour-échec.

« La volupté n’est pas un plaisir comme un autre, parce qu’elle n’est pas un plaisir solitaire, comme le manger ou le boire », écrit Lévinas qui n’admet pas derrière Sartre, ou Bataille, d’identifier érotisme et sexualité (Le temps et l’autre, p. 83).




Pour Lévinas, il s’agit de renverser le cogito cartésien en affirmant que le fondement de la philosophie ne se trouve pas en celui-ci mais en l’autre homme qui fait appel à ma responsabilité. Dressant une phénoménologie du visage, Lévinas nous montre autrui, comme un visage, d’abord un composé d’une pair d’yeux, d’une bouche, d’un nez, etc. il s’agit de percevoir autrui, dans un retour aux choses mêmes, c’est-à-dire, en faisant abstraction d’une identité sociale, ou autre. En prenant en compte le visage d’autrui, je suis transporté au-delà de lui-même, dans un infini que je ne peux trouver en moi-même. Dans les instincts sexuels, éros est la modalité d’accès à autrui, notamment chez Sartre qui nous dresse le portrait d’une guerre des consciences. Par le visage d’autrui, Lévinas découvre dans la dualité insurmontable de la relation érotique, le pathétique de l’amour, le voluptueux de la volupté même, contre les manœuvres sartriennes d’un conflit. L’érotisme devient alors l’expérience de l’inviolabilité d’autrui, car le visage est soudain ce qui témoigne de la fragilité de l’homme ; il m’appelle, me commande, m’oblige à être responsable de lui. Parti à la recherche de la concupiscence, parti à la recherche d’un corps, je rencontre l’irréductible. C’est l’impératif éthique de Lévinas. On comprend que cette conception est à l’opposé de celle de Sartre. Sartre pensait que les regards s’affrontaient dans une lutte pour réduire l’autre à l’état d’objet. Lévinas quant à lui indique, qu’ouvrant sur l’infini, le visage est ce qui peut seul m’élever à la condition de sujet. L’autre m’échappe certes toujours ; la rencontre est toujours, même chez Lévinas, une rencontre manquée. C’est la possession toujours impossible d’un autre être, pour paraphraser Proust. Mais soudain autrui n’excède plus ma compréhension. Il est là où je suis. Il n’est plus absence ou mystère. Il est l’Autre avec qui je peux soudain communiquer à nouveau.

C’est toute la force de ce que l’on pourra appeler derrière Alain Finkielkraut « le visage aimé ». Mon amour s’adresse par ce visage, ni à la personne ou ses particularités, mais vise son énigme, sa distance et son incognito. Le toi du « je t’aime » vise son altérité et ce lien paradoxal qui en fait un autre que moi, toujours insaisissable, même dans l’intimité.

C’est la réhabilitation de l’itinéraire amoureux. C’est le retour de la communication amoureuse. C’est la réinsertion de l’être aimé dans la problématique de l’amour. C’est probablement ce que l’on pourrait appeler la sagesse de l’amour.

(Paru dans Les Carnets de la Philosophie, n°22, Mai, Juin, Juillet, Août 2012)






Mathilde Primavera.

samedi 15 septembre 2012

Vole vole vole, oiseau libéré !!!





Vole vole déploie tes ailes
Aigle majestueux aux portes du soleil
De tes serres puissantes
De ton regard perçant
Toutes les forces des airs
Communiquent au vent

Enfant des cieux
Père précieux
Apporte-moi les joyaux de ce monde
Guide mon âme vagabonde

Phoenix
A ma découverte



Salut à l’oiseau

Jacques PRÉVERT

Recueil : "Paroles"

Je te salue
geai d’eau d’un noir de jais
que je connus jadis
oiseau des fées
oiseau du feu oiseau des rues
oiseau des portefaix des enfants et des fous
Je te salue
oiseau marrant
oiseau rieur
et je m’allume
en ton honneur
et je me consume
en chair et en os
et en feu d’artifice
sur le perron de la mairie
de la place Saint-Sulpice
à Paris
où tu passais très vite
lorsque j’étais enfant
riant dans les feuilles du vent





Je te salue
oiseau marrant
oiseau si heureux et si beau
oiseau libre
oiseau égal
oiseau fraternel
oiseau du bonheur naturel
Je te salue et je me rappelle
les heures les plus belles
Je te salue oiseau de la tendresse
oiseau des premières caresses
et je n’oublierai jamais ton rire
quand perché là-haut sur la tour
magnifique oiseau de l’humour
tu clignais de l’œil
en désignant de l’aile
les croassants oiseaux de la morale
les pauvres échassiers humains
et inhumains
les corbeaux verts de Saint-Sulpice
tristes oiseaux d’enfer
tristes oiseaux de paradis
trottant autour de l’édifice
sans voir cachés dans les échafaudages
la fille entr’ouvrant son corsage
devant le garçon ébloui par l’amour





Je te salue
oiseau des paresseux
oiseau des enfants amoureux
Je te salue
oiseau viril
Je te salue
oiseau des villes
Je te salue
oiseau des quatre jeudis
oiseau de la périphérie
oiseau du Gros-Caillou
oiseau des Petits-Champs
oiseau des Halles oiseau des Innocents
Je te salue
oiseau des Blancs-Manteaux
oiseau du Roi-de-Sicile
oiseau des sous-sols
oiseau des égoutiers
oiseau des charbonniers et des chiffonniers
oiseau des casquettiers de la rue des Rosiers





Je te salue
oiseau des vérités premières
oiseau de la parole donnée
oiseau des secrets bien gardés
Je te salue
oiseau du pavé
oiseau des prolétaires
oiseau du Premier Mai
Je te salue
oiseau civil
oiseau du bâtiment
oiseau des hauts fourneaux et des hommes vivants
Je te salue
oiseau des femmes de ménage
oiseau des bonshommes de neige
oiseau du soleil d’hiver
oiseau des Enfants Assistés
oiseau du Quai aux Fleurs et des tondeurs de chiens
Je te salue
oiseau des bohémiens
oiseau des bons à rien
oiseau du métro aérien





Je te salue
oiseau des jeux de mots
oiseau des jeux de mains
oiseau des jeux de vilains
Je te salue
oiseau du plaisir défendu
oiseau des malheureux oiseau des meurt-de-faim
oiseau des filles mères et des jardins publics
oiseau des amours éphémères et des filles publiques
Je te salue
oiseau des permissionnaires
oiseau des insoumis
oiseau du ruisseau oiseau des taudis
Je te salue
oiseau des hôpitaux
oiseau de la Salpêtrière
oiseau de la Maternité
oiseau de la cloche
oiseau de la misère
oiseau de la lumière coupée
Je te salue
Phénix fort
et je te nomme
Président de la vraie république des oiseaux
et je te fais cadeau d’avance
du mégot de ma vie
afin que tu renaisses
quand je serai mort
des cendres de celui qui était ton ami.





Mathilde Primavera.

Cupidon ? Un petit con !































Cupidon s'en Fout (live) par Ben-Yehuda





Pour changer en amour notre amourette
Il s'en serait pas fallu de beaucoup
Mais, ce jour-là, Vénus était distraite
Il est des jours où Cupidon s'en fout

Des jours où il joue les mouches du coche

Où elles sont émoussées dans le bout
Les flèches courtoises qu'il nous décoche
Il est des jours où Cupidon s'en fout

Se consacrant à d'autres imbéciles

Il n'eu pas l'heur de s'occuper de nous
Avec son arc et tous ses ustensiles
Il est des jours où Cupidon s'en fout

On a tenté sans lui d'ouvrir la fête

Sur l'herbe tendre, on s'est roulés, mais vous
Avez perdu la vertu, pas la tête
Il est des jours où Cupidon s'en fout

Si vous m'avez donné toute licence

Le coeur, hélas, n'était pas dans le coup
Le feu sacré brillait par son absence
Il est des jours où Cupidon s'en fout

On effeuilla vingt fois la marguerite

Elle tomba vingt fois sur "pas du tout"
Et notre pauvre idylle a fait faillite
Il est des jours où Cupidon s'en fout

Quand vous irez au bois conter fleurette

Jeunes galants, le ciel soit avec vous
Je n'eus pas cette chance et le regrette
Il est des jours où Cupidon s'en fout

Paroles et Musique: Georges Brassens 1976




Mathilde Primavera.

jeudi 13 septembre 2012

Profil du pervers narcissique (2)




J'ai trouvé encore un excellent article sur le pervers narcissique que vous pourrez découvrir en cliquant sur ce lien :


http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20120118.OBS9148/pervers-narcissiques-enquete-sur-ces-manipulateurs-de-l-amour.html


Ce que moi j'ai surtout découvert c'est que Dominique Barbier, psychiatre, psychanalyste, à Avignon cité dans l'article et que je connais un peu (sourire), est un des spécialistes du "pervers narcissique" en France" !!!

Inutile de vous dire que j'ai des conversations plus qu'enrichissantes avec lui !!!

Je le savais excellent thérapeute, mais j'étais encore loin de la vérité !!!

Que d'éclairages !!!

Le hasard dans la vie n'existe pas, ne doutez jamais de cela !!!


P.S. : je vous rappelle que j'avais déjà publié ceci en février 2011 :


http://bienplusquedesmots.blogspot.fr/2011/02/profil-du-pervers-narcissique.html

(Cliquez sur le lien ci-dessus)


Mathilde Primavera.

lundi 10 septembre 2012

Règles d'or






« Tu seras aimé le jour où tu pourras montrer ta faiblesse, sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force. »

Cesare Pavese






" Ne fais jamais d'une personne ta priorité dans la vie quand tu n'es qu'une option dans la sienne. "

Mark Twain



Mathilde Primavera.