Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)
samedi 3 avril 2010
Dévoilement à distance
"Que souhait-elle de Rudnik ? Certainement elle ne souhaitait rien. C'est à dire tout. Il était à sa place lointaine, elle voyait la beauté de cette attraction à distance, pas sans danger."
"Elle adresse à Rudnik un rapport synthétique critique.
"Les gens sont ravis quand ils peuvent vous critiquer", fait Rudnik sobrement.
Critiquer, enfin. Elle a admiré trop fort, trop vite, elle a besoin de retrouver sa maîtrise. Elle se reprend. Tous ces amis ne sont pas tombés à la renverse devant Rubnik, il n'est donc pas si bien. Il est décevant. Elle s'était fait prendre à la lumière de la scène. Elle lui empaquette les piques et les restrictions de ses amis avec un sadisme loyal. Elle aime la règle, et qu'on s'y soumette, et Rudnik n'est pas au-dessus de la règle, tout brillant et lointain qu'il soit. Au contraire, en l'attaquant elle lui témoigne son désir qu'il soit inattaquable. En le chicanant, elle lui donne tout. Elle se pose en collaboratrice, d'égale à égal, devant l'idéal à atteindre. D'un geste, elle pose sa main sur lui, elle le blesse, le possède, le soutient, le jalouse, le veut parfait, et tout en elle est profondément satisfait, et elle adore cet homme de toute son âme.
Elle veut l'aider. Elle le porte déjà."
"Le seul problème à résoudre entre les gens est celui de la distance juste à laquelle se placer. Rambérieu se met dans le cœur de Rudnik, et très loin en même temps. Ça a quelque chose d'écartelé.
Car elle continue à lui écrire, bien sûr. Elle est de ces caractères qui de près restent un peu loin mais à qui le loin permet le près. La distance convient à Rambérieu, comme si elle levait une interdiction. Elle ne parle pas de son travail à elle, elle ne fait plus de critiques à Rudnik non plus, c'est l'harmonie. Elle lui parle d'elle. Les lettres ont une intimité que la voix ne permet pas. Elle lui écrit comme dedans son âme." (*)
(*) Extrait de 7 histoires d'amour de Annie Mignard (Lettres à l'artiste).
Photos de Mathilde Primavera.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Afin d'éviter toute polémique sur votre blog et de contrarier certain de vos visiteurs par un commentaire jugé trop personnel et inadéquat, je vous adresse juste un très amical bonjour... avec un immense sourire!
RépondreSupprimerEpamin' : je vous adresse un :) (sourire) et puis aussi un ; (clin d'œil) !
RépondreSupprimerSe dévoile-t-on mieux de loin?
RépondreSupprimerSi près, si loin
entre les lignes
se glisse l'absence
en forme de non-dit
Jeandler : ravie que vous posiez la question "se dévoile-t'on mieux de loin ? La suite bien pensée veut tout dire ! Longue réflexion sur tout ce qui n'est pas dit également, que l'on écrive ou que l'on parle ! Le dévoilement ne sera jamais un dénuement total dans tous les cas !
RépondreSupprimer