Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

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Ici c'est le printemps toute l'année !!!

mercredi 21 janvier 2009

La pièce manquante

























Un soir mendiante, en quête de rencontres, assoiffée de partage, débordant de passion et seulement abreuvée de quelques sons et de sirops à la fraise, dans un univers étrange rempli d'interférences ahurissantes par tant de brouhaha, de sueurs mêlées, de bousculades imposées où la notion de l'espace peut paraitre pour certains un vague souvenir jamais vraiment intégré et restant avant tout, un mélange de gestes flous, brutaux et agressifs, pour signifier malgré eux leurs maladresses existentielles.
J'ai commis l'erreur de croire que je pouvais saisir un regard, attraper une main, entendre un cœur, peut-être même lire une âme, dans un monde devenu subitement stérile, se manifestant par une inaptitude à se mouvoir correctement et à s'exprimer convenablement.
J'aurais pu, au moins, me consoler avec une présence, une chaleur, un sourire, un regard pétillant...
Mais je me cogne à des murs alcoolisés, bien ancrés dans le sol, accrochés à leurs portables et à leurs compères du moment, pour se donner une certaine contenance et suffisance et qui s'écroulent à chaque craquement de ciment.
Leurs regards vitreux ne m'inspirant rien de bon et ne supportant pas les éclaboussures de quelques natures que se soient, je rassemble mes pauvres miettes pour quitter un monde sordide et en retrouver un autre tout aussi minable, mais reconnaissable par tous mes sens.
Je me glisse sous la couette, toujours aussi morose, mais satisfaite d'avoir quand même réussi à réintégrer mon corps et mon esprit, au moins, jusqu'à la prochaine désintégration.
N'est-ce pas un miracle de vie de pouvoir se reconstituer ainsi à l'infini ?
Je suis sauvée ! Tant que j'aurais conscience de mes propres pouvoirs de recomposition, tant que je n'aurais pas tout à fait perdu la recette de l'assemblage de mes propres morceaux de puzzle, je pourrais garder la foi. Autant dire, l'espoir. Même des fois, je n'ai pas besoin de rassembler les morceaux. Ils sont bien là, tous et soudés. Et le jour où il manquera juste une pièce, elle sera tellement décelable, qu'elle sera découverte et déposée par des doigts graciles, dans l'espace inoccupé. Nous pourrons enfin, observer ensemble l'œuvre achevée, éradiquant ainsi, l'esquisse, l'ébauche, la tiédeur de ceux que certains osent nommer "l'amour".
Il sera alors impossible de dire lequel des deux est le plus beau.
Celui qui assemble ou celui qui est assemblé ?
Qu'est-ce qui est le plus admirable ?
Le peintre ou le tableau ?
L'un ne peut évidemment pas exister sans l'autre.

Mathilde Primavera.

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