Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

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Ici c'est le printemps toute l'année !!!

dimanche 18 janvier 2009

Le "croassement"


























"Si vous croassez à cé moment là, il faut maintenir soune axe et aller dans la direkssione de sa partenaire."
Ma qué, je veux bien "croasser" aussi autant qu'il le souhaitera avec son accent à vous faire chavirer pour de bon et à vous faire perdre votre axe définitivement !
Franchement, si je traduis : "Si vous croisez à ce moment là, il faut maintenir son axe et aller dans la direction de sa partenaire", vous n'allez effectivement jamais perdre l'équilibre, mais vous n'aurez pas eu le privilège non plus, d'un voyage jusqu'à Buenos Aires par téléportation instantanée !
Et les étoiles dans les yeux, vous y pensez aux étoiles dans les yeux qui sautillent de bonheur jusqu'à taquiner la commissure de vos lèvres ?
Bon d'accord, le sourire esquissé ce n'est pas uniquement parce-que vous avez désormais la preuve que Boby Lapointe imite très bien l'accent argentin.
Vous souriez bêtement, parce-que vous avez surtout la chance de travailler avec un maestro et pas des moindres.
Vous l'avez vu danser, que dis-je, voler lors de différentes milongas et vous vous étiez toujours demandé comment il pouvait enseigner une technique aussi complexe. La réponse est pourtant simple. Plus vous êtes un maitre dans votre discipline et plus il vous est aisé de transmettre votre savoir-faire. A cela se rajoute évidemment l'humilité, une qualité naturellement imbriquée au titre de maestro. Du pur bonheur, de l'or en barre, quinze kilos de chocolat fin qui vous sont offerts sur un plateau d'argent. Trois mois que vous êtes inscrit à ce stage, trois mois à attendre ce moment marqué à l'encre rouge sur votre almanach vieillot des P.T.T.
Vous craignez que la pression ne monte au fil des jours, vous vous attendez même à passer une nuit blanche la veille de la date fatidique, tellement votre émotivité peut atteindre des sommets quand vos passions sont en jeu. Vous redoutez même de ne pas pouvoir avancer correctement pris de tremblements frénétiques, ou de je ne sais quelle paralysie soudaine des membres inférieurs. Vous priez pour ne pas tomber malade pile poil la veille de ce week-end prometteur et si par chance vous aviez été croyante, vous auriez volontiers déposé quelques cierges par ci par là, dans les différentes églises de l'ancienne capitale mondiale de la chrétienté. Vous ne faites rien de tout cela. Même mieux. Vous êtes complètement sereine, tellement anormalement tranquille que votre entourage s'inquiète vraiment pour vous. Mais, vous allez bien. Oui, oui, tout va absolument très bien. C'est juste que vous avez un super cerveau qui s'est auto-programmé sur le mode alfa, pour justement ne pas gâcher un tel évènement. Toujours non croyante, vous n'oubliez pas pour autant de bénir ce précieux cerveau.
Bon d'accord. Vous avouez avoir un peu eu le trac, au moment où vous mettez vos chaussures. Mais c'est une manœuvre qui ne prend pas trop de temps compte tenu que vos groles vous les connaissez par cœur, vous pourriez tout aussi bien les attacher dans le noir complet, alors ce moment là est loin d'être longuement dramatique. Effectivement, une fois tout bouclé, vous vous sentez bien, vous allez même formidablement bien. De surcroît, vous vous entendez à merveille avec votre partenaire. Mais, car il y a un "mais", comme tous les partenaires il ne comprend pas du premier coup toutes les subtilités de la première démonstration, pas plus que les suivantes du reste. C'est normal, plus que normal. Et là...oups !!! Est-ce que c'est normal que vous vous retrouviez à danser avec le maestro en personne ? Pas une seconde vous n'aviez envisagé cet instant pour votre plus grand bonheur. Et pourtant, mais c'est bien-sur ! Vous n'êtes pas à votre premier stage et vous savez très bien que c'est la seule façon d'enseigner, il n'en n'existe pas d'autres. Tant mieux si cette image ne vous avez pas effleuré l'esprit. Prise par surprise, vous n'avez pas le temps de vous contracter. Ouf ! Vous êtes sauvée. Si vous êtes arrivée à maîtriser un tel évènement, vous pourrez sans plus aucune fébrilité, accepter toutes les autres invitations de danseurs remarquables. Doucement, doucement, il ne s'agit pas non plus de s'emballer. Vous n'êtes pas non plus au stade où on se bouscule pour vous. C'est carrément plutôt l'inverse, ou du moins, il existe toujours quelques femmes pour vous bousculer afin de s'interposer entre vous et certaines tentatives d'invitations intéressantes. Ce n'est pas grave. Du moins, à l'instant précis où vous effectuez ce stage, cela n'a plus aucune espèce d'importance. Dans tous les cas, ces harpies ne pourront jamais vous soustraire à votre passion, à votre soif d'apprendre encore et encore.
D'ailleurs, vous, je ne sais pas, mais moi, là, je dois y retourner. Je ne vais quand même pas louper le passage où le maestro explique à mon partenaire ce qu'il doit faire en me prenant comme cobaye ! Non non, ça ne serait vraiment pas courtois de louper un seul croassement dans ses bras .

Mathilde Primavera.

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