Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)
Ici c'est le printemps toute l'année !!!

mercredi 18 février 2009

Des boucliers en pagaille



















Des protections solaires, des crèmes antirides, des gels contre la cellulite, des shampoings contre les pellicules, des parapluies, des parasols, des coupes-vent, des gants, des portes pare-feu, des abris antinucléaire, des boules antimites, des pares-soleil, des couvres-lit, des alèses, du papier cellophane, des vaccins, des cures de vitamines, des protèges-cahier, des sous-verre, des stérilets, des pilules contraceptives, des préservatifs, des produits contre le calcaire, des tabliers, des nappes, des prises et des bouchons sécurité enfant, des caches-pots, des abribus, des toits, des marquises, des vérandas...

Aucun bloc de papier ne sera suffisamment épais pour établir une liste complète de tout ce qui est censé nous protéger !

Quelles soient factices ou réelles, ces protections ont envahi notre quotidien et nous aurions d'ailleurs bien du mal à vivre sans elles désormais.
Mais ce ne sont point ces protections là qui me préoccupent.
Il en existe de bien plus perfides, sournoises, lourdes, coûteuses et vraiment envahissantes.

De celles qui vous font le cœur gros comme une pastèque trop mure prête à éclater, qui surchargent votre cerveau au point de se demander s'il faut consulter et qui vous poursuivent tel un chapelet de 19 batteries de vieilles casseroles !
Je vous l'accorde, là tout de suite, mes propos filent la migraine !
Si je ne peux pas répondre pour vous, en tout cas pour ce qui me concerne, j'ai déjà la tête comme un compteur !

Allons, allons, si nous ne voulons pas abuser d'aspirine, je suis dans l'obligation de vous éclairer immédiatement. Un peu de concret donc !

Imaginez que vous avez déjà bien vécu au point d'avoir déjà rencontré au moins une fois dans votre vie le grand amour, ou tout au moins, ce que vous avez considéré comme tel.
Vous serez sans doute d'accord avec moi sur le fait que seulement dans ce cas précis, tout coule de source, tout est évident, tout est lisse, pendant le laps de temps de la vraie lune de miel, toujours trop courte.
D'un seul coup, d'un seul alors, vous pesez 15 kilos mais vous vous sentez aussi fort qu'un taureau, tout vous semble absolument merveilleux, rien n'est plus vraiment dramatique si ce n'est peut-être l'angoisse de perdre l'être aimé, vous pétez le feu, vous avez un sens de l'humour à filer des complexes à Muriel Robin, vous avez une forme olympique à agacer votre médecin traitant et vous êtes même capable de supporter les réflexions désobligeantes de votre supérieur ravagé, endetté et inconsistant.
Bon, je ne vais pas non plus m'étendre sur des propos quasiment indécents !

Seulement voilà, dans l'intervalle vous n'avez plus 20 piges, vous avez déjà été séparé(e) ou vous avez divorcé au moins une fois, mais vous n'avez pas pour autant... une forte attirance... pour des vœux monacaux.
Et là, en tant que célibataire notoire vous êtes non seulement surtaxé(e) en tout, mais vous êtes également pénalisé(e), que dis-je puni(e), par le châtiment de la misère affective ! Vous oscillez suivant s'il fait beau ou non, votre thème astral ou/et numérologique, votre éducation, votre propre vécu, entre croire ou non en une vraie histoire encore possible. Vous vous demandez même si vous n'allez pas élaborer une thèse sans arriver vraiment à vous décider sur le sujet : "l'Amour relevant d'une fiction datant de plus de 2000 ans" ou "l'Amour, véritable aspiration naturelle et légitime". Enfin, pour la thèse il n'y a pas urgence, car en attendant vous vous situez exactement au stade de l'entre deux, ou de l'entre rien car il faut bien survivre à tout, même aux théories non encore existantes. Vous avez déjà expérimenté le "je préfère être seul(e) que mal accompagné(e)" pour vous réveiller un beau matin persuadé(e) de tout l'inverse ! Seulement voilà, si vous êtes encore plein d'incertitudes en ce qui concerne vos choix futurs, vous savez par ailleurs exactement ce que vous ne souhaitez plus car vous connaissez la substance de vos vraies valeurs. Comme tout célibataire de plus de 30 ans, seul(e), mais EXIGEANT. Mais par dessus tout, vous avez une exigence primordiale. Celle de ne plus jamais souffrir à cause de quelqu'un !

Du coup, que se passe t' il ? Et bien c'est très simple :
Vous vous retrouvez face au "mâle" dominant, séduisant certes, mais dominant, répondant bien à quelques uns de vos critères de qualité. Lui, et bien lui, il se retrouve face à une "femelle" parmi tant d'autres, en prenant bien soin d'établir un territoire sans la moindre contrainte contrariante. Ben non, vous n'êtes plus une femme face à un homme ou un homme face à une femme, mais un mâle et une femelle toujours aux aguets, en alerte, prêts à donner le premier coup de griffe ou la morsure fatale ! Les deux fauves se tournent autour, font des détours, se reniflent, font deux pas en avant, quatre en arrière pour en refaire à nouveau six dans la direction de l'autre, tout en poussant des rugissements. Oh, à l'occasion ils font bien une petite course comme ça pour le plaisir histoire de se maintenir en forme, ils se mordillent bien de temps à autres les oreilles en signe d'approbation de confiance mutuelle, mais ils ne baissent jamais la garde. Bon, si vous avez du mal avec les métaphores, je peux tout aussi bien ramener cette jungle-attitude à une triste réalité humaine.

Cela donne à peu près ceci : "Si je lui parle sincèrement de mes sentiments il (elle) va prendre peur, il vaut mieux que je feigne l'indifférence'' ou , "si je dis ceci plutôt que cela il (elle) va croire que..." ou aussi, "si je laisse passer telle ou telle chose je ne serai pas respecté(e) ou compris(e)" ou encore, "si j'accepte telle conception je ne serai plus libre", "si, si, si, si, si...."

D'interminables calculs dans le seul but de se protéger !
Contre quoi d'abord ?
Ah oui c'est vrai, la souffrance !
Mais l'Homme par nature en naissant, ne la subit-il pas déjà ?

Je me demande bien ce qui ne fait pas souffrir dans tout ce marasme "amoureux".


Vivre à deux fait souffrir.
Vivre seul(e) fait souffrir.
S'enfermer dans sa tour d'ivoire fait souffrir.
La fin d'une histoire grande ou petite fait souffrir.

Devons-nous sortir armés jusqu'aux dents dans la crainte de tout, tout le temps ? Casque à pointe, armure, arc et flèches ? Et tout calculer comme dans l'art de la guerre avant de tirer ? Sommes-nous vraiment obligés de faire tout cela ? L'instinct de protection doit-il anéantir tout le reste ? Est-ce que vous vous imaginez un seul instant en plein Sahara en train d'assister à un sublime coucher de soleil et vous dire :
"Et si un serpent des sables était prêt à me piquer là tout de suite ?"

Vous je ne sais pas, mais moi c'est certain, même si je n'ai pas encore réussi à me débarrasser tout à fait de tous mes carcans -et j'aimerais bien- je suis fatiguée d'avoir à porter tous ces boucliers en pagaille !

Mathilde Primavera.

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