Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

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Ici c'est le printemps toute l'année !!!

lundi 14 septembre 2009

P comme...























Certains individus peuvent faire des éloges sur tout et n'importe quoi, et ce, dans divers domaines.
Cela peut concerner le travail d'un artiste contemporain dont l'esthétisme est d'une laideur quasi-insupportable mais auquel des mondains improvisés ou, au contraire, très expérimentés ne comprennent absolument rien à la démarche "conceptuelle", mais qu'ils n'oublieront pas d'encenser sous prétexte d'amitié, de cotation financière ou, tout bêtement, de snobisme affligeant, tant il est vrai que l'ennui peut chez certaines classes sociales pousser à faire et à dire -vraiment- n'importe quoi.
Le festival "IN" est un autre exemple frappant.
Combien de spectateurs sans aucune référence théâtrale ont applaudi avec force et enthousiasme à un spectacle complètement illisible pour des néophytes dans cette discipline et sont ressortis la mine réjouie, la bouche pleine de mots passe-partout pour ne pas être catalogués de "ringards", ou pire, d'incultes ? Mais quelle honte y a-t-il à avouer n'avoir rien compris, ou plus jubilatoire encore, à argumenter la nullité du propos ? Et puis, nous ne sommes pas obligés non plus d'y aller, même si nous habitons Avignon !
Il en est de même généralement pour ces "top-models" hissées dans la presse "people", médiatisées à outrance. Toutes ne sont pas idiotes, mais la plupart d'entre-elles ne ressemblent en rien à de jolies poupées et n'ont pas le quotient intellectuel de Nietzsche. Généralement, elles ressemblent au mieux à des mannequins en caoutchouc désarticulés qui auraient de surcroit fondu, leur faisant au passage un regard hagard, une mine d'enterrement et une démarche de crabe que se serait pris une cuite. Elles n'ont pas davantage de choses à dire, et même, votre concierge a plus d'anecdotes passionnantes à vous confier que ces portes-manteaux. A croire que la presse détient un pouvoir diabolique sur une grande majorité de nos contemporains les laissant avec une piètre image d'eux-mêmes et les façonnant comme de la pâte à modeler.

Aussi, c'est sans vergogne que je souhaiterais aujourd'hui mettre à l'honneur un objet injustement relégué dans la fosse aux oubliettes !
Pour vous éclairer je peux d'ores et déjà vous indiquer qu'il possède de nombreux trous, sa matière peut être du plastique, du cuivre, de l'aluminium, de la fonte émaillée, de l'inox ou encore de la porcelaine. Il peut être sobre, avoir une allure rétro, artistique avec des motifs peints, branché façon design, ou glacial version instrument chirurgical. Il est agrémenté de deux anses, ou d'un long manche fabriqué dans le même composant que son corps principal, ou dans une substance différente pour lui assurer une meilleure solidité, ou une plus belle ligne. Que l'on soit un chef ou non dans la discipline où il est un acteur très actif, on l'utilise, pour ainsi dire, quasiment tous les jours. Il en voit et en verra encore de toutes les couleurs, que ce soit du blanc jaunâtre de nos pâtes aux œufs frais ou non, de l'arc en ciel de notre future friture fraichement pêchée composée de jolies girelles, pour ne citer que les plus prestigieuses, en passant par le vert kaki de nos fragiles brocolis.
Accessoirement, il pourra se transformer en casque de pompier sur la tête d'un bambin épris d'une imagination hallucinante et typiquement masculine, ou médiéval pour les productions cinématographiques et théâtrales les moins fortunées, mais les plus délirantes !
Sentant votre impatience s'émousser de plus en plus, j'ai l'honneur de vous présenter la divine PASSOIRE !
Il est déjà plus qu'injuste de ne voir mentionné nulle part sur internet le nom de son inventeur pour ne pas avoir à en faire son éloge avec toute la grâce, la distinction et tous les hommages
qu'elle mérite !
Longue durée à toutes nos passoires qui traversent le temps et nos vies avec tant d'humilité !


Mathilde Primavera.

7 commentaires:

  1. En effet,

    Je te rejoins, Chere Mathilde. La poésie domestique de la passoire dépasse souvent largement l'absconse prétention de productions autoproclamées "intellectuelles".

    Sans doute né de l'empirisme, quoiqu'indubitablement creux, ce magnifique outil peut aussi être envisagé comme ni plein ni vide,ou qui se remplit par le haut et se vide par le bas puis par le haut, c'est délicieux. Une chose qui est incompréhensible à la description et lumineuse d'évidence dès qu'on l'a sous les yeux. Une invention ... Ben simplement utile à tous.

    Surtout, n'imagine pas ici que je méprise les intellectuels. Loin de moi cette idée. C'est le laborieux, que j'abhorre. Le besogneux. Et quand l'oroginalité ou la création sont besogneuses, je pense "pecheure! " (et pas "peuchère" comme disent les parisiens qui vont dans le Lubéron et n'ont jamais été foutus de trouver le Luberon sur leurs cartes, mais je m'égare, je m'égare). C'est uen sorte de phénomène d'autodigestion.

    Alors que la passoire, c'est magnifique. Authentique création pour répondre à un vrai besoin, elle est devenue support. Support de décorations, de marques du temps par les divers courants de mode qu'elle reflétait. Support de langages d'une époque. Comme une scène,me diras tu, mais en plus quotidien même si plus trivial.
    La richesse de la passoire c'eest que quoique support des esthétiques temporelles successives, elle a toujours gardé sa caractéristique de remplie par en haut pour se vider par en bas avant d'être vidée par le haut. Parce que vidée une seule fois, par sa nature même, elle n'est pas vide.

    Merci Mathilde de ta clairvoyance qui permet enfin de rendre justice au génie domestique de la passoire dans tous ses états.

    A noter que l'entonnoir est aussi un être injustement méprisé et raillé puisqu'il symbolise le fou ... ou le plus grand des sages. Qui sait !

    Toujours ta dévouée

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  2. Oooooh... mais, l'entonnoir ne m'a certes pas échappé ! Il n'est pas dit que je ne publie pas quelque chose, un de ces quatre, sur cet illustre ustensile !
    Je dois tout de même préciser, ma chère Cri, que votre vision de la passoire est bien plus complète que la mienne ! D'où l'intérêt de vôtre suprême commentaire !
    Bien à vous.

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  3. Chère, très chère, tu me parles de mon point de vue très complet sur la passoire, mais ce sont bien tes mots qui m'ont conduite à m'interroger sur la condition de cet ustensile. En revanche, c'est tout à fait dans mon credo de militer pour la grandeur des obscurs.
    Elle est pourtant omniprésente cette grandeur des humbles. Ainsi, reprenons notre passoire. Au-delà de la poésie de sa caractéristique de se vider sans être vide avant d'être vidée c'est un ustensile ménager qui redistribue la lumière et réinvente les rayons du soleil. Elle n'est pas belle, la poésie des humbles?

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  4. Oh que oui, elle est très belle la poésie des humbles, surtout lorsqu'elle vient nous éclairer de ses lumières matinales !!!

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  5. Hello Mathilde good to know that you are back!

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  6. Entre la sévère critique de ce que j'appelle (sans doute à tort) le parisianisme (mais je partage tout à fait ton point de vue) et l'éloge de la passoire, pas de doute, l'article valait le détour Mathilde !!! Tu as raison de rendre ainsi hommage aux humbles et aux utiles, qu'on finit par ne plus voir tant le brillant et le clinquant nous éblouissent !

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  7. Michelaise : comment as-tu donc fait pour tomber sur cette publication ? Moi-même, je ne sais pas comment j'aurais bien pu faire pour retomber dessus si ce n'est tout visionner patiemment !
    Heureuse que tu sois tombée dessus, car elle fait bien le lien avec la tienne !

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