Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

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samedi 12 janvier 2013

L' amant










Marguerite Duras






 Marguerite Duras




  
Marguerite Duras





Marguerite Duras 





 


Marguerite Duras - L’amant  ( 5ème partie )




Quant elle va bien, ma mère aime me regarder, cela m’encourage à me faire belle
Et porter le chapeau d’homme et les lamés d’or, offerts par elle un jour bienheureux
Où elle aurait offert tout ce qu’elle avait par pulsion de vie probablement.
Où les as-tu achetés ? je réponds rue Catinas c’était en solde, t’en souviens-tu ?
Je ne sais où se balade son esprit à ce moment-là, un sourire vient la dévoiler un peu,
Elle trouve mon accoutrement plutôt amusant, sa fille en garçon,
Voilà peut-être un rêve à elle caché bien au fond de son âme
De femme ayant eu à affronter la vie avec plus de pantalons que de robes à la mode.
Au fond probablement se reconnait-elle dans cette image que je lui donne de moi.
Seulement je ne suis pas un homme et ne rapporte aucun argent à la maison.
Lorsqu’elle désespère, tout va mal, ses fils ne feront rien de bon,
La terre ne donnera plus rien, la fin est imminente.
Malgré cela, elle garde un petit espoir sur sa fille lui ressemblant
Et peut-être réussira-t-elle dans un domaine bien à elle.
Alors elle me laissait sortir à n’importe quelle heure et même fréquenter
Ces ruelles pleines d’enfants se prostituant, je savais
Combien gagner de l’argent était important dans la vie d’un être humain.
Tout m’était permis, ma mère me voulait libre d’agir comme bon me semblait.
Sans m’imposer le trottoir pour arriver à me fins, avoir des piastres,
Beaucoup de piastres pour aller vivre à Paris, pas ailleurs,
Mais enfin, si je le faisais et malgré ma jeunesse,
Elle aurait accepté cette situation car quel autre choix avions-nous,
Qui aurait le culot de nous faire la morale ?
Non, l’argent est capital pour vivre et j’en gagnerai beaucoup,
Quels que soient les chemins troubles et non troubles qu’il faudrait traverser.
Depuis ces années-là, j’ai beaucoup écrit et je ne sais plus trop bien
Si j’ai déjà dit tout l’amour mais aussi la haine nous habitant tous.
Dans notre famille, cette haine prenait la forme d’une violence terrible,
Dévastatrice, elle ravageait tout sur son passage.
D’où venait cette rage à faire à ce point tant de mal aux siens et
Comment comprendre l’incompréhensible même avec le soutien
D’un psy, d’une plume ou d’un alcool ?
C’est là, à cet endroit, en ce lieu précis que commença le silence,
Ce silence me poursuivra toute ma vie, malgré les mots,
Tous ces mots, dans mes livres, dans mes films, dans le sexe. Voilà,
C’est là le secret de mon histoire personnelle, silence vécu par cette enfant là-bas,
Que de ma tête, jamais ne cherchera à tuer, au contraire,
Elle me constituera telle que je suis, telle que je suis devenue.







Un jour, j’étais âgée déjà, dans le hall d’un lieu public, un homme est venu vers moi. Il s’est fait connaître et il m’a dit : « Je vous connais depuis toujours. Tout le monde dit que vous étiez belle lorsque vous étiez jeune, je suis venu pour vous dire que pour moi je vous trouve plus belle maintenant que lorsque vous étiez jeune, j’aimais moins votre visage de jeune femme que celui que vous avez maintenant, dévasté. » (Marguerite Duras, L'Amant, 1984).
 
(Allusion à celui qui deviendra son dernier amant !!!)
 
 
 
Marguerite Duras
 
 
Publication inspirée directement ce matin par Marc Alpozzo dont voici le lien de son blog, et ce, même si je suis amoureuse depuis fort longtemps du livre "l'amant" de Marguerite Duras, ainsi que du film formidablement bien adapté :
http://marcalpozzo.blogspirit.com/ 
 
 
 
 
 
Mathilde Primavera. 

2 commentaires:

  1. On peut parler de l'époque, de l'Asie du Sud-Est, du colonialisme, du temps qu'il fait là-bas, etc. Restera une rencontre et l'histoire d'un amour fou.

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    1. Tout comme toi je ne me suis attachée qu'à cette magnifique histoire d'amour, sans compter que Marguerite Duras n'a pas fait le choix d'aller vivre là bas, c'était le choix imposé par sa mère !!! Ô combien même cette histoire aurait eu pour contexte géographique le Sahara, cela n'aurait en rien changé la substance de cette passion !!! Elle n'a fait que décrire son environnement du moment, avec l'intelligence de ne faire aucune allusion, à aucun moment, à une éventuelle critique sociale ou politique sur le colonialisme !!!

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