Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

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vendredi 23 octobre 2009

Le masque de l'hypocrisie
























Est-on réellement hypocrite lorsque rien ne va et qu'au moment crucial où une connaissance que vous n'avez plus croisée depuis fort longtemps vous demande si vous allez bien, vous ne trouvez rien de mieux que de lui répondre par un oui triomphant, tout en affichant votre plus beau sourire ?
N'est-ce pas plutôt la question qui est d'une hypocrisie totale ?

Votre interlocuteur se soucie-t-il réellement de savoir comment vous allez, ou dit-il simplement des formules toutes faites vides de sens ?
A-t-il réellement envie de connaitre les épreuves que vous venez de traverser ?
Saura-t-il seulement assumer les horreurs que vous avez vécues dans les moindres détails ?
Trouvera-t-il les mots réconfortants en déployant toute son humanité, ou inventera-t-il un prétexte pour s'échapper ?
Nos vies bien remplies, stressantes, ont au moins l'avantage, sous prétexte que nous sommes toujours pressés, de pouvoir user de la fuite en sautant certains obstacles comme des athlètes le feraient avec des haies, avec une incroyable agilité !
Soyons réalistes !
Si lors de vos très mauvaises traversées vous pouvez refaire l'inventaire de vos véritables amis, que croyez-vous pouvoir recevoir de la part de quasi inconnus ?
C'est évidemment la généralité énoncée ici qui l'emporte mais laissant aussi supposer l'existence d'empathie de la part de certains individus, à la seule condition que leurs mauvaises expériences ne se soient pas échappées de leurs consciences, car il ne faut pas se leurrer, la plupart d'entre-eux arrivent très facilement à oublier la fragilité de leurs propres existences !
Autrement dit, le calcul est vite fait :
10-7-1=2 ou
10-8-2=0 !
Peu importe la formule mathématique, face aux problèmes vous êtes toujours tout seul.
L'aide apportée ne pouvant être de toute façon que ponctuelle, cela vous laisse tout l'espace et le temps restants pour vos emmerdements.
Comment pourriez-vous donc gaspiller le peu d'énergie qu'il vous reste à vous épancher sur vos malheurs dont tout le monde se fiche ?
Si je n'ai jamais demandé à quelqu'un comment il allait sans être certaine que j'étais en capacité de pouvoir tout entendre, je suis convaincue que nous parlons tous beaucoup trop pour ne pas dire l'essentiel au final.
Tous les mots sont hypocrites.
Seuls les maux nous crient à la gueule leurs fulgurantes franchises !


Mathilde Primavera.

5 commentaires:

  1. Cri de la vallée28 octobre 2009 à 09:40

    Coucou Mathilde
    Je suis en retard dans ma réaction et aussi peut-être d'un optimisme béat. Je voulais te dire que je ne peux pas adhérer complètement à ton texte. D'une part, je crois que nous faisons tous des actes de politesse qui sont un peu vidés de leur sens. Par exemple, qui souhaite réellement à quelqu'un de passer une vraiment bonne journée en lui disant "bonjour" le matin? Qui se trouve sous le coup d'un authentique enchantement lorsque on se qualifie de l'être après avoir rencontré quelqu'un? Je pense que demander à quelqu'un si ça va quand on le croise fait partie de ces petits rituels de civilisation qui tendent à pacifier les relations entre êtres humains.

    Mathilde, voyons ! Ce n'est pas à toi, une danseuse, que je dirai que la posture est autant porteuse de langage que les mots !

    Ainsi, lorsqu'en demandant si ça va on ne ponctue pas une rencontre mais que l'on s'enquiert réellement de la situation de son interlocuteur, on ne sera pas dans le mouvement mais dans une position fixe avec une invite du regard. On laissera un temps à la personne, et on ne fera cela que si on est, précisément, dans la capacité de lui accorder davantage que quelques instants. L'écoute est une action intense et mobilisante qui nécessite de la disponibilité, sinon, elle n'est pas de l'écoute.

    Ensuite, s'il est vrai que l'aide que les autres peuvent éventuellement t'apporter ne sera que ponctuelle, à mon sens, ça ne l'est qu'en partie car ce qu'ils te donnent, c'est souvent de la sincérité, de l'investissement, de l'empathie ou de la solidarité, et aussi des éclairages, des arguments qui peuvent entrainer une réflexion capable de modifier ton point de vue y compris sur un plan plus large que celui de ta préoccupation du moment.

    Ensuite, penses tu que seuls les véritables amis peuvent apporter du réconfort? Je ne crois pas. Pense à la chanson des passantes de Brassens. En contrepartie, je sais que parmi mes amis les plus chers, certains ne sont pas capables d'affronter certains types de situations et encore moins de m'aider à le faire, pourtant je les aime, je pense qu'ils m'aiment, mais sans doute sont ils mes amis aussi pour leurs fragilités et les émotions qu'elles me suscitent.

    Enfin, tu parles des maux qui ne mentent pas, ben en semi-professionnelle des fractures chargées de sens je peux te dire que s'ils ne mentent pas, ils dissimulent leurs arguments aussi bien qu ele pire des hypocrites!!!!!!

    Mathilde, la vie et ses merveilles se trouvent parfois dans les endroits les plus inattendus, insolites, minuscules, incongrus. La tendresse peut passer dans le regard d'un(e) inconnu(e) qu'on ne reverra jamais, le partage peut s'opérer avec du tangible ou de l'immatériel, et je pense que je suis frappée par la joie de vivre aujourd'hui. En fait, j'aurais toutes les raisons d'être furieuse mais ce que tu as écrit et qui m'a poussée a réagir m'a remis les idées en place par l'argumentaire que je me suis attachée à t'écrire. Mathilde, ma belle, je te remercie et je t'embrasse.

    Cri

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  2. Cri, sur l'ensemble de votre réflexion vous n'avez pas tort. Bien évidemment que nous avons besoin de codes sociaux pour pouvoir faire partie d'une civilisation, tout comme je reste persuadée que dans les petits mots de politesse il existe une réelle gentillesse. Cela va sous le sens que l'aide, même ponctuelle, de la part d'amis reste un trésor de bienfaits, tout comme les petites attentions provenant de parfaits étrangers. Je suis naturellement très sensible à tout cela. Mais, ce n'est pas le contraire de ça que j'ai voulu signifier à travers cette publication mais, le fait que les mots de politesse aussi nécessaires qu'ils soient pour entretenir un climat de paix sont futiles, insignifiants et généralement vides de sens lorsqu'ils sont adressés à quelqu'un en souffrance. Ce que je tenais à souligner ici, c'est la solitude dans laquelle chacun se trouve face à ses problèmes réels, renforcée par le manque de disponibilité de gens soient disant "civilisés". C'est l'hypocrisie sociale dans sa globalité dans nos cultures occidentales que je décris ici, tout en ayant conscience de la réelle implication de la part de certaines personnes et de leurs incroyables sincérités touchantes, même si ça va sous le sens aussi que tout le monde n'arrive pas à gérer les problèmes des autres, préférant la fuite, le mutisme, le prétexte du manque de temps et précisément à cause de cette société bancale qui nous a façonnée d'une drôle de manière. Aussi civilisés que nous croyons l'être en 2009, il n'y a jamais eu autant de gens qui prennent des somnifères, des tranquillisants et qui sont en dépression nerveuse. Pourtant, jusqu'à une date encore récente la psychanalyse n'existait pas. On se confiait au curé, à sa vieille tante, à sa cousine et le fait de partager une bonne soupe suffisait à maintenir les gens dans un relatif équilibre. Je ne pense pas que c'était mieux autrefois, je dis juste que notre civilisation a de sacrés fractures sociales ! La cousine habite à 300 km de chez vous, la vieille tante est à l'hospice, la foi a disparu et même s'il y avait du négatif autrefois dans tout cela, je constate juste le mal-être actuel s'agrandissant de jour en jour ! Aujourd'hui, en plus d'aller voir un psy, on consomme de tout à outrance jusqu'aux loisirs pour nous consoler d'un vide existentiel. Le vrai lien doit être créé, on doit aller le chercher, se le fabriquer car il n'existe plus naturellement. Alors, se ne sont certes pas de petits mots tous creux qui vont panser les maux qui contiennent une puissante symbolique, dense, loin de la superficialité !

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  3. Tout ce que tu dis est vrai, mais je persiste à chouchouter mon angélisme. Et le débat est si dense, si potentiellement long et embrouillé qu'il faut l'avoir de vive voix, car il est, comme je te disais et même au sujet des profondes douleurs, des niches, des recoins, des plate-formes où se trouvent des éléments de pansements.
    Certaines douleurs et peines sont tellement intimes et violentes que dans tous les cas elles sont inextinguibles. Alors, amis ou simples connaissances, famille ou rencontres sans lendemain, par leur présence ou leurs interventions, quand ils sont bienveillants, les autres ne peuvent "qu'aérer" la situation mais c'est souvent infiniment important.

    Après, je te dis, pour l'organisation sociétale ... c'est, selon moi, un peu plus compliqué car on a ce drôle de mélange de hiérarchie et d'amour, d'affection et de docilité, de protection et d'autorité ... Bref, les valeurs s'entremêlent beaucoup, avec lesquelles les gens ne sont pas forcément très clairs et et en plus, il s'agit d'un tout autre débat. Maintenant, il est indiscutable que si nous ne faisons rien, l'orientation naturelle de la société exerce une force centrifuge sur les personnes, et que cette exclusion est très préoccupante.

    Mais marque sur ton petit carnet que nous devons parler de "l'articulation du rôle des personnes dans la société traditionnelle européenne et son influence dans de développement personnel et la mutation des liens interpersonnes vers une dynamique d'exclusion des plus vulnérables". J'en fais de même sur mon petit carnet à moi.

    Je t'embrasse ... simplement :)

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  4. En plus de noter moi-même le sujet sur mon carnet personnel, il va surtout falloir très prochainement que nous nous organisions pour plusieurs R.D.V. tant nous avons de choses à échanger et j'en suis tout simplement bienheureuse !!!
    Je vous embrasse ;)

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