Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)
Ici c'est le printemps toute l'année !!!

mercredi 18 mars 2009

La plaisanterie

























Des factures, encore des factures, toujours des factures ainsi que des virements, des fax, des tonnes de fax à passer, le téléphone qui n'en finit plus de sonner, les "va et vient" nécessaires mais incessants dans un espace partagé gaiement au milieu des kilomètres de papiers et de boîtes poussiéreuses compressées d'archives, des débits, des crédits, des brouillards de saisie qui n'en finissent plus de faire la queue, des validations, des annulations, des réclamations, des paiements, des relevés bancaires, des déclarations sociales, des bulletins de salaires, un immeuble, deux immeubles, soixante quinze immeubles, un million de lots, des tantièmes, des charges, des travaux, des dépannages, des devis, des post-it, des trombones, un café, une clôture, un solde de tout compte, trois états de rapprochement, un stabilo jaune, un reflet sur l'écran, une chaise défoncée, une souris sauteuse, le bruit du chantier dans la rue, les cris des poivrots dans la ruelle, les caprices des enfants dans leurs poussettes, des mères excédées, des manifestants en colère, des motos prétentieuses, des kakous qui hurlent, le déjeuner resté sur l'estomac, le mal de tronche installé, la barquette qui a débordé dans le micro-ondes, des tiroirs cogneurs, des coins de bureau assassins, un bleu, deux bleus, trois coupures, une panne d'informatique, un bourrage papier, un deuxième café, du classement, encore du classement, toujours du classement, une erreur, deux erreurs, deux rectifications, un logiciel, deux logiciels, cinq applications, sept mails, huit mails, neuf mails, dix appels en absence, une coupure d'électricité, une vente, quatre achats, douze mille locations, quinze mille contrats, dix huit mille numéros verts, vingt cinq mille services, un troisième café, une question, deux réponses, deux questions, aucune réponse, des rires, des fous-rires, des énervements, des pétages de plomb, des sourires, des crampes, des mal de dos, un stylo noir, un feutre rouge, un critorium qui perd ses mines, une date, douze échéances, vingt cinq dépassements...vite, vite, vite, vite, vite, vite...pas une minute à perdre !

Ouf ! C'est l'heure de la pause clop bien méritée, sur le balcon !
Trois minutes de bonheur par beau temps, deux minutes s'il y a du mistral.
Mais, quelles minutes précieuses !

Mon cerveau fonctionne à la vitesse de la lumière.
Je scrute le ciel, la terrasse d'en face, je mate les ouvriers en bas, j'observe les vieux élégants, les jeunes minets, je m'émerveille devant la place de l'Horloge, l'enseigne de la pharmacie me fait de l'œil, et là, je réalise pour la millième fois le bonheur de vivre en Provence !

Travailler intensément, oui mais, en plein cœur de la cité des papes.
Une chance fabuleuse que de pouvoir me promener sur la place du Palais, boire un café en terrasse, croiser deux trois compères reconnaissables, entendre le doux son de l'accordéon, pique-niquer où il me plait, marcher lentement, observer, sentir, humer toute cette agitation éclatante.

Le temps d'une cigarette, une pensée fumeuse me caresse :
La vie est incroyable !
Je suis venue en vacances sur Avignon, je ne sais combien de fois. J'ai dû passer devant l'immeuble même où je travaille une bonne dizaine de fois, avant même d'habiter la ville aux mille chants de cigales.
Et, si on m'avait dit, ne serait-ce qu'une seule fois, en me promenant rue de la République, avec mon sac à dos, mes tongs et la glace à cornet pour touristes, qu'un jour je travaillerais précisément là, j'aurais éclaté de rire à la figure de l'auteur de cette mauvaise plaisanterie.
Les plaisantins n'existent pas.
Il n'existe qu'une seule plaisanterie et elle se nomme la vie.


Mathilde Primavera.

6 commentaires:

  1. S'il est bien un conseil que j'aime répéter fréquemment à mes enfants c'est celui-là : "dans la vie, ce qui peut nous arriver de pire, c'est l'ennui"... Je vois que ta vie est tout sauf ennuyeuse et surtout tellement bien racontée !
    Bonne journée, Louli

    RépondreSupprimer
  2. Comment ? Louli n'est point le diminutif de Leslie ? Alors qui êtes-vous ? On se connaissoit ?
    Peu importe...enfin je dis ça pour la forme...en vérité je suis impatiente de savoir qui vous êtes...votre commentaire m'amuse beaucoup car je n'avais point vu le rendu de mes "écrits" comme la conclusion d'une vie non ennuyeuse. Il n'en reste pas moins, qu'effectivement, je suis quelqu'un qui ne m'ennuie jamais et même qui rouspète de manquer en permanence de temps.
    Vous avez de nombreux enfants ou vous êtes enseignante ?
    Bien à vous.
    Mathilde.

    RépondreSupprimer
  3. A quoi passez-vous votre journée ?
    A m'ennuyer !
    Et cela ne vous ennuie pas trop ?
    Moins, beaucoup moins que si j'avais à m'en passer.

    olé

    RépondreSupprimer
  4. Ah ! Monsieur Chauché est vivant et va plutôt bien ! Je commençais à me faire du soucis : point de publication de votre part depuis lundi, je me demandais si vous étiez très occupé, ou malade, ou déprimé, ou je ne sais quoi encore. Comme quoi...je m'ennuie de vous...quand vous vous absentez trop longtemps !
    Mathilde.

    RépondreSupprimer
  5. Chère Mathilde,
    J'ai lu ton chaleueux commentaire sur mon blog avec beaucoup d'émotion.. Je suis désolé si je ne me manifeste que maintenant. C'est vrai que ces temps-ci je me suis fait rare dans mon univers et je ne consulte pas régulièrement ma messagerie. La brume de la vie couvre mon inspiration et je me retrouve comme un scarabé qui a perdu son chemin dans les catacombes du destin. Je suis vraiment très ravi de savoir que mon blog de poème sollicite encore autant d'admiration d'une soeur d'âme comme toi car en survolant ton univers je me suis rendu compte aussi de toute la beauté de tes écris.
    Je reste sans voix devant la générosité qui se dégage timidement de tes mots et reflète l'ombre d'une âme artiste pleine de sagesse et de maturité. Je te suis très reconnaissant pour ton passage qui m'a guidé vers tes terres verdoyantes. J'espère que nos deux sphères vont garder le contact. Bien sur que tu peux m'ajouter sur tes liens.. pour moi c'est un grand honneur.
    je te remercie encore une fois pour ton doux commentaire qui a vivifié mon coeur.
    Ali
    http://le-syndrome.over-blog.com

    RépondreSupprimer
  6. Je suis doucereusement émue. Merci Ali.

    RépondreSupprimer