Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)
jeudi 21 avril 2011
Le prince du dandysme
Oscar Wilde, un dandy à l’ombre
Avis aux amateurs de fraîcheur et de gravité : cet été, à Paris, dans une salle agréablement climatisée, le Lucernaire fait retentir un texte qui, faute d’être festif ou estival, offre une belle défense et illustration des âmes profondes. Il s’agit d’une lettre célèbre qu’Oscar Wilde (1854-1900) écrivit de prison à son ancien amant Bosie. Wilde, comme chacun sait, est l’un des pères fondateurs du dandysme, cette mode fascinante qui n’existe plus aujourd’hui, à cause de la standardisation de tout, y compris du luxe.
Le dandysme consistait à considérer sa propre vie comme une œuvre : choisir avec un soin d’artiste les vêtements que l’on porte aussi bien que les mots que l’on prononce ; les lieux que l’on fréquente aussi bien que les amis dont on s’entoure. Rares sont les dandys qui ont pu concilier cet art de vivre avec une discipline de création. Dans A la recherche du Temps Perdu, Proust en offre un bel exemple à travers le personnage de Swann : parfait élégant, grand amateur de peinture et de livres, il se contenta d’être collectionneur. Faute de pouvoir passer à l’acte de création, il s’amusait à choisir ses maîtresses pour leur ressemblance avec ses tableaux de maîtres préférées. Ainsi honorait-il « l’art pour l’art », malgré son incapacité à en produire.
Oscar Wilde représente une des rares exceptions à cette loi de la stérilité. Outre son théâtre brillant et drôle, il est surtout célèbre pour son roman Le Portrait de Dorian Gray, véritable bible de l’esthétisme. Tout au long de ce texte, Wilde se laisse entrevoir comme le bel esprit qui domine tout et chacun, posé sur son piédestal, ironique et spirituel.
Or on connaît son triste destin : à l’issue d’une aventure passionnée avec un fils de Lord, l’auteur adulé en Grande-Bretagne fut attaqué en justice pour atteinte aux bonnes mœurs par le père du jeune homme : le Marquis de Queensberry. En 1895, Wilde est condamné à deux ans de prison qui ruineront sa vie. C’est alors qu’il écrit De Profundis, cette fameuse lettre destinée à l’amant ingrat qui causa sa perte. Sur la scène du Lucernaire, le comédien Jean-Paul Audrain incarne ce texte avec une précision irréprochable, dans un véritable corps à corps avec chaque mouvement de la pensée : tantôt à bout de force, tantôt renaissant de ses cendres ; tour à tour tendre, voire mièvre, puis impitoyable.
Mais il faut bien le dire, cette missive d’un amant trahi contient le pire aussi bien que le meilleur : clichés du dépit amoureux, lamentations, bons sentiments… Mais aussi réflexions sur la création, la générosité, et surtout, parcourant tout le texte, une belle injonction à lutter contre « le vice suprême : être superficiel ». Un combat inattendu, pensera-t-on, de la part d’un maître des apparences, dont le théâtre repose essentiellement sur des bons mots, et pour qui l’appartenance à tel ou tel club mondain était un must incontournable… Là réside sans doute la « profondeur » de Wilde, cette dimension paradoxale qui fit de lui un dandy véritablement artiste.
Pendant le spectacle d’Audrain, une idée terrible m’a cependant traversé l’esprit à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’elle se trouve formulée dans une citation que Wilde rapporte de la bouche de son mauvais amant : « quand vous n’êtes pas sur votre piédestal, vous n’êtes pas intéressant », déclara un jour Bosie à l’écrivain lorsqu’il était malade. De fait, De Profundis est le texte d’un grand homme tombé de son piédestal, mais dont la grandeur consiste, justement, à assumer le pathos, les gentilles idées sur Dieu et l’amour aussi bien que les grandes pensées sur la profondeur d’âme ou sur « les conditions requises pour la création ». Ce mélange est beau, et c’est dans cette optique qu’il faut voir Jean-Paul Aurdain, sur la petite scène du Lucernaire, se débattre entre déchéance et dignité, désespoir et reconstruction, dans sa prison dont il balaie finalement la poussière d’un revers de couverture.
Source : http://theatre.blog.lemonde.fr/2010/08/09/oscar-wilde-un-dandy-a-lombre/
"L'homme veut être le premier amour de la femme, alors que la femme veut être le dernier amour de l'homme."
"Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais."
"N'importe qui peut sympathiser avec les souffrances d'un ami. Sympathiser avec ses succès exige une nature très délicate."
"Aimer, c'est se surpasser."
" On devrait toujours être amoureux. C'est la raison pour laquelle on ne devrait jamais se marier."
"Je peux résister à tout, sauf à la tentation."
"On commence par se tromper soi-même ; et ensuite on trompe les autres."
"Dès que nous nous blâmons, il nous semble que personne n'a plus le droit de le faire."
"Les femmes sont faites pour être aimées, non pour être comprises."
Oscar Wilde
Mathilde Primavera.
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J'aime ces phrases de Oscar Wilde, ma préférence va a : " je peux résister à tout, sauf à la tentation " ! et " aimer c'est se surpasser " ... en voilà de beaux sujets de réflexion !
RépondreSupprimerlire "la geôle de Reading"
RépondreSupprimerOui, sans nul doute c'est l'incarnation même du dandysme : allure(et non pas look qui n'a rien à voir, confondus par beaucoup dans la
RépondreSupprimerpeopolisation ambiante), intelligence,talent! merci pour cette publication avec belles photos et citations dont je reprends volontiers quelques unes à mon compte!
De belle citations en effet.
RépondreSupprimerPour aujourd'hui je retiendrai celle ci :
"Aimer, c'est se surpasser."
Merci pour les photos et le rappel de son histoire.
Ériger sa vie comme une œuvre d'art...Pourquoi pas ?...Le narcissisme poussé à son paroxysme...
RépondreSupprimerUne philosophie de l'exception, qui exclut beaucoup cependant...
Artémisia : Oh... Oscar Wilde dit beaucoup de choses censées, mais il est vrai que ces deux citations me plaisent beaucoup car elles flirtent avec la passion et parce-qu'elles sont aussi l'expression d'un véritable engagement !!! Deux sujets sur lesquels je pourrais facilement me répandre, mais je n'ai pas encore dit mon dernier mot !!!
RépondreSupprimerBrigetoun : tu connais bien l'auteur apparemment, cela ne m'étonne pas de toi !!!
RépondreSupprimerEsprit de Femme : reprenez, reprenez toutes les citations inscrites ici qui vous feront plaisir, elles sont là pour ça !!! Il ne faut pas oublier que mon souhait en tenant ce blog est de partager !!!
RépondreSupprimerPastelle : décidément "aimer est se surpasser" plait beaucoup !!! Mais, c'est normal, que ferions nous sans amour, et surtout, sans véritable engagement ???
RépondreSupprimerK'line Bloom : oui tu as raison, les dandy ne fréquentent pas n'importe qui, mais c'est aussi une posture intelligente que d'être élitiste, s'entourer de gens et de choses de qualité n'est pas un mal en soi, mais bien une tendance à la perfection !!! Forcément cela exclu beaucoup, mais la société n'est elle pas déjà constituée d'exclusions à la base ?
RépondreSupprimerJ'ajoute que le vrai dandy ne sort pas de chez lui avant midi.
RépondreSupprimerFernand C : exact, quand ce n'est pas midi et demi !!!
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