Je vous laisse découvrir un excellent article sur Laure et Pétrarque, où quasiment tout est dit, il n'y a qu'à cliquer sur le lien suivant :
Sinon, je peux aussi vous recommander cet excellent ouvrage dont voici le résumé :
Parmi les couples célèbres d'amoureux, celui formé par Pétrarque et Laure est des plus remarquables. L'auteur, Guy Rachet, fait revivre dans ce livre ces amours qui firent le tourment et la grandeur de Pétrarque. Ce dernier a laissé une œuvre importante consacrée à sa passion pour Laure, œuvre qui a grandement contribué à l'immortalité de son auteur.
L'histoire débute en 1327 à Avignon où Pétrarque, fils d'un exilé florentin établi en Provence, rencontre Laure dans l'église Sainte-Claire. Elle se termine en 1352, quatre ans après la mort de Laure emportée par la Grande Peste, lorsque Pétrarque s'apprête à quitter sa retraite de la "Fontaine de Vaucluse" pour s'installer en Italie.
Restes de l'église Sainte-Claire
C'est l'Avignon des papes qui sert de toile de fond à ces amours où se mêlent désirs charnels, amour courtois et enfin sublimation amoureuse qui, à travers plus de 300 poèmes consacrés à Laure, feront de Pétrarque l'égal de Dante.
Guy Rachet s'est attaché à reconstituer dans les moindres détails l'Avignon du temps des papes avec sa cour somptueuse, ses rues grouillantes de vie, les moeurs délicieusement dissolues des dignitaires de l'Eglise...et aussi les cours d'amour, les querelles théologiques et religieuses.
LE JARDIN DE LA ROSE, un grand roman historique vivant comme un film, qui se déroule dans un lieu et période attachants et passionnants.
Et voici quelques sonnets de Pétrarque dédiés à Laure :
« L’Amour vint vers moi la première fois pour me frapper ! Car il s’est
rendu peu à peu le maître de
ma vie et m’a soumis à son joug. »
Que de fois, tout en pleurs, fuyant le genre humain,
Et
me fuyant moi-même en mon charmant asile,
J'inonde ma poitrine et l'herbe du chemin !
Que de fois mes soupirs troublent l'air immobile!
Que de fois, seul, en proie à mes rêves d'amour,
Au
fond d'un bois épais et d'une grotte obscure,
Je
cherche autour de moi cette femme si pure
Que me ravit la tombe où j'aspire à mon tour!
Tantôt elle s'élance en nymphe vaporeuse
Sur les flots argentés de la Sorgue écumeuse,
Et
s'assied près de moi sur ses bords enchanteurs;
Tantôt, d'un pied léger, son image chérie
Agite doucement les fleurs de la prairie,
Et
semble à mon aspect prendre part à mes pleurs.
Lorsque du sein de l'air, si plein de mon amour,
Je
vois du haut des monts ce plateau solitaire
Où
naquit l'ange aimé qui, prenant sans retour
Mon cœur prêt à verser ses parfums sur la terre,
Est parti pour le ciel et, gagnant les hauteurs,
M'a sitôt devancé par des routes lointaines
Que mes yeux, fatigués de leurs recherches vaines,
Ne
voient plus un seul lieu qu'ils n'aient baigné de pleurs ;
Il n'est pas un rocher au flanc de nos collines,
Une branche, une feuille au bord des eaux voisines,
Une fleur, un brin d'herbe en ce vallon charmant,
Il n'est pas une goutte au lit de ces fontaines,
De
louves en ces bois tellement inhumaines
Qui n'aient vu les effets de mon cruel tourment !
M'élevant en esprit dans ces lieux inconnus
Où
vit celle qu'en vain ici-bas je rappelle,
Parmi les bienheureux du cercle de Vénus
Je
la vis apparaître et plus tendre et plus belle.
Elle me prit la main: « Si j'en crois mon espoir, »
Dit-elle, « tu vivras parmi ces âmes pures ;
C'est par moi que ton cœur reçut tant de blessures,
C'est moi qui vis la mort descendre avant le soir.
Mon bonheur désormais échappe au sens des hommes,
C'est toi seul que j'attends; loin du monde où nous sommes
J'ai laissé ces trésors qui ravissaient tes yeux. »
Mais sa main s'entrouvrit, je cessai de l'entendre...
Hélas! aux doux accents de sa voix chaste et tendre
Mon âme était si près de se fixer aux cieux !
Zéphir en nos climats ramène les beaux jours
Et
son aimable cour de fleurs et de verdure;
Philomèle et Progné redisent leurs amours
Et
le printemps sourit à toute la nature ;
Le ciel reprend ses feux et les prés leur fraîcheur.
Jupiter enivré voit sa fille et l'admire,
Et
l'amour, triomphant de tout ce qui respire,
Remplit la terre, l'onde et les airs de bonheur;
Mais pour moi, je succombe à cette ardeur profonde
Que laisse désormais sans objet en ce monde
Celle qui dans le ciel tient les clefs de mon cœur;
Le doux chant des oiseaux, l'éclat des fleurs nouvelles
Et
les charmes naissants des vierges les plus belles
N'offrent plus à mes yeux que déserts et qu'horreur.
La mort vient de ravir au monde son flambeau,
A
l'amour son regard, ses feux et sa puissance,
A
la beauté son charme, aux grâces leur réseau,
A
mon cœur déchiré sa dernière espérance;
L'urbanité n'est plus et la pudeur a fui.
Oh
! pourquoi pleurer seul quand tous devraient se plaindre?
Le
foyer des vertus par toi vient de s'éteindre,
O
Mort! en peut-il naître un second aujourd'hui?
L'air, la terre et les eaux devraient verser des larmes,
Et
vous aussi, mortels qui, privés de ses charmes,
Semblez un pré sans fleurs, un anneau sans rubis.
Le monde où je l'aimais ignora mon idole.
Mais nous la connaissions, moi, que rien ne console,
Et
le ciel ravisseur qui lui doit tout son prix !
De longs cheveux brillant à rendre l'or jaloux,
Le
regard le plus pur, le plus charmant visage
Qui jamais aient fait mettre un mortel à genoux,
Un
sourire ineffable, un gracieux langage,
Une main, de beaux bras noblement arrondis
A
faire implorer grâce au cœur le plus rebelle,
Un
pied fait par l'amour, une femme si belle,
En
un mot, qu'il n'est rien de tel au paradis,
Me faisaient d'heureux jours; mais Dieu l'a rappelée,
Empressé de la voir parmi sa cour ailée,
Et
moi, je reste seul, les yeux morts au bonheur.
Pourtant une espérance ici-bas m'est laissée :
Peut-être l'ange heureux, qui lit dans ma pensée,
De
nous voir réunis obtiendra la faveur.
Sans doute en ce moment tu pleures tes beaux jours,
Joli petit oiseau qui vas à l'aventure,
Car l'hiver et la nuit, attristant la nature,
Ont chassé la lumière et le temps des amours.
Ah ! si tu connaissais le mal qui me dévore
Ainsi que tu connais tes cruelles douleurs,
Tu
viendrais sur mon cœur, que rien n'apaise encore,
Et
nous souffririons moins en confondant nos pleurs.
Mais c'est trop demander : celle qui t'est ravie
Peut-être maintenant n'a pas quitté la vie,
Et
moi, j'implore en vain et le ciel et la mort.
Cependant la saison et cette heure avancée,
Et
mes doux souvenirs et ma peine passée,
Tout m'invite à donner une larme à ton sort.
A LA FONTAINE DE VAUCLUSE
CANZONE
Eau claire, fraîche et bienfaisante
Où la dame, unique à mes yeux,
Baignait ses membres gracieux;
Gentil rameau sur qui sa main charmante,
Je tressaille à ce souvenir,
Se plaisait à se soutenir;
Gazon fleuri sur lequel s'étendirent
Sa jupe et son beau sein ; air pur où sans retour
Ses yeux adorables ouvrirent
L'accès de mon cœur à l'amour;
Soyez tous attentifs à ma plainte dernière.
Si tel doit être mon destin
Et si le ciel exauce ma prière
C'est en ces lieux, qu'à mes pleurs mettant fin
L'amour fermera ma paupière.
Si quelque honneur doit recouvrir encor
Parmi vous mon corps périssable,
Et si mon âme doit prendre l'essor
Vers sa demeure véritable,
Avec un tel espoir la mort
Dans ce pas incertain me sera moins pénible,
Car mon esprit lassé n'a pas de meilleur port
Et ma chair et mes os de fosse plus paisible.
Peut-être reverrai-je encore en ce séjour,
Comme autrefois dans un bienheureux jour,
Cette beauté cruelle et pourtant si charmante,
Elle tourne vers moi joyeuse et séduisante
Ses yeux en me cherchant; elle voit se creuser
La terre et, n'écoutant que l'amour qui l'inspire,
Elle semble oublier le ciel et s'accuser,
Tant son cœur tristement soupire,
Et de son voile elle étanche ses pleurs.
Des beaux rameaux incessamment des fleurs
Pleuvaient sur son beau corps; assise et bienheureuse
On la voyait pourtant jouir modestement
De sa gloire et déjà cette pluie amoureuse
La recouvrait complètement;
Telle fleur se posait au bord du vêtement,
Telle autre sur ses tresses blondes,
Comme des perles sur de l'or;
Telle atteignait la terre et telle autre les ondes;
Et, plus audacieuse encor,
Telle autre, tournoyant lentement, semblait dire :
De l'amour c'est ici l'empire.
Combien de fois effrayé je me dis :
« Elle naquit sans doute au paradis. »
Son port divin, sa voix, ses traits et son sourire
M'avaient troublé l'esprit, tout m'était devenu
Incertain et confus, et j'en vins à me dire :
Comment suis-je en ces lieux, quand y suis-je venu ?
Me croyant dans le ciel; aussi dans mon délire
Sur ces gazons je me plais désormais
Et c'est là seulement que je trouve la paix.
Mathilde Primavera.