Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

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vendredi 29 janvier 2010

La belle dame sans merci






Le mariage a longtemps été une union intéressée pour que le mari puisse bénéficier d'un bien supplémentaire provenant de son épouse, ou pour avoir une personne de plus pour labourer les champs, ou traire les vaches.
Évidemment la femme était perçue comme une future mère, mais on ne lui reconnaissait pas d'autres valeurs qui étaient complètement étouffées, comme si elles n'existaient pas.
Cela arrangeait bien l'église catholique machiste à souhait et apeurée par celles qui avaient le pouvoir de donner la vie.
En toute logique, cela n'a jamais empêché des prêtres, des évêques, pour ne citer que ceux là, de fréquenter "des filles de mauvaises vies", comme si ces qualificatifs pouvaient à eux seuls minimiser leurs pêchers.
Il faudra attendre le 11ème siècle pour que des aristocrates qui avaient tout le loisir de réfléchir, de philosopher, se penchent sur la question jusqu'à aboutir à l'amour courtois, reconnaissant enfin l'importance de la femme, tout en transgressant du coup les valeurs morales et religieuses de l'époque.
La gent féminine n'est plus cataloguée au rang de la maman, ou de la "putain", mais bien à un très haut niveau quasiment divin, annonçant une évolution tant humaine que spirituelle.
Si les codes de l'amour courtois cités dans la publication précédente sont complexes et uniquement réservés à un milieu très privilégié, ils vont également permettre de bousculer les esprits de toutes les couches sociales à travers les troubadours et les poètes, où la tradition orale est courante.



"Las ! combien je croyais savoir
D'amour, et combien peu j'en sais,
Moi qui ne puis ne pas aimer
Celle dont je n'aurai profit.
Elle prit mon cœur et m'a pris
Avec elle-même et le monde,
Et dans ce rapt, ne m'a laissé
Que désir et cœur assoiffé.
"


Extrait de Quand je vois l'alouette mouvoir de Bernard De Ventadour


Entendre encore que le moyen âge est une période de barbarie est bien injuste et très réducteur car tout a été quasiment inventé à cette période et l'amour courtois, grand raffinement de la pensée, s'est étalé sur pas moins de quatre siècles.





Texte et Photos (retouchées d'après l'oeuvre "la belle dame sans merci" de Frank Diksee) de Mathilde Primavera.

13 commentaires:

  1. bel exposé pour histoire que nous aimons

    (suis pinailleuse, non pour toi mais pour le peintre : aux temps de ces armures la balance s'était retournée vers moins de civilisation)

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  2. Il en était peut-être différent en pays d'Oïl qu'en pays d'Oc ?

    Je crois que dans l'église chrétienne des premiers siècles, la femme a le même rang que l'homme dans le culte. Ce doit être lors du premier concile de Nicée (325) que les hommes en privèrent les femmes et que les prêtres n'eurent plus le droit de s'unir.

    Mais pourquoi as-tu mis ton image de l'amour courtois en... négatif ?

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  3. Brigetoun : je suis encore plus pinailleuse que toi, le peintre Frank Diksee est du 19ème siècle !
    Je suppose que tu fais allusion à ce moyen âge bien sûr, mais que se passait-il à la balance à cette époque ? Raconte !

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  4. Michel : oh tu sais la femme a très vite été dévalorisée dès lors que la religion catholique a pointé le bout de son nez ! Pourquoi crois-tu qu'ils se sont insurgés contre la culture celte ? Même si l'église leur a piqué pas mal de symboles, ils ne risquaient pas de prendre pour modèle le rôle de la femme qui jouissait à peu près des mêmes avantages qu'actuellement ! Par exemple si elle amenait des biens ils lui appartenaient définitivement et le mariage n'était pas célébré dans un but intéressé, elles avaient même le droit de choisir leurs futurs époux ! Le divorce existait d'ailleurs déjà et la garde des enfants revenaient directement à l'homme car c'était quand même une société patriarcale.
    Mais la femme avait des droits, ainsi que celui de s'exprimer. C'est dire la régression de nos sociétés en Europe dans les années qui ont suivies et même dès le 13ème siècle hormis la parenthèse du 11ème et 12ème où nombreux de nos contemporains seraient étonnés de voir que la femme surtout dans les milieux bourgeois était une femme pour qui on accordait de l'importance ! Pendant cette période il y avait même une coutume au mois de mai en France, les femmes célibataires ou veuves depuis un certain temps avaient le droit de "faire la fête" avec l'homme qui leur plaisait en les invitant, c'est elles qui en quelque sorte déclaraient officiellement publiquement avec qui elles aimeraient bien se marier !
    Quant au "négatif" pour moi ce n'est pas une image négative, mais une mise en lumière de deux êtres exceptionnels pour exprimer leur haute spiritualité jusque dans la tombe, comme des fantômes toujours présents !

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  5. Article fort intéressant, appelant un débat de fond. Mais pour l'idée générale, oui le XIème siècle apporte beaucoup de nouveautés, y compris, en Occitanie, l'amour courtois. Mais aussi, les idées de la féodalité, cela ne va pas l'un sans l'autre, en France, la France d'alors, et en tout premier lieu la transmission de la propriété, même si cette notion n'avait alors rien à voir avec la nôtre. Et l'interdiction du mariage des prêtres date de cette même période, concile de Latran, exactement pour cette raison, ne pas dilapider les héritages. Peu à peu la survivance des croyances et pratiques païennes, dont tu parles Mathilde, très forte dans tous les domaines et qui sont pour beaucoup digérées par l'église catholique, sont combattues lorsqu'elles ne peuvent pas être récupérées.

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  6. Pour moi, l'amour courtois évoque avant tout les enluminures du manuscrit intitulé "Le Livre du Cuer d'Amours Espris" peintes par Barthelemy d'Eyck, le peintre du roi René (duc d'Anjou et comte de Provence), le bon roi René protecteur des lettres et des arts, auteur lui même du texte de ce même manuscrit qui conte la conquête qu'un chevalier surnommé Cœur d'Amour Epris fit d'une dame appelée Douce Merci.

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  7. Fardoise et Yvelinoise : mais quel bonheur de vous avoir aussi toutes les deux en commentatrice, vous êtes absolument parfaites avec vos précisions ! Merci d'avoir cette générosité d'offrir sur un plateau votre érudition en toute simplicité dans le seul but est de partager un réel intérêt pour des goûts que nous avons en commun ! Je me félicite tous les jours d'avoir pris l'initiative de faire ce blog et je remercie surtout le monde invisible d'y avoir envoyé des personnes de qualité !

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  8. Si je rajoutais ma pierre à l'édifice que vous avez tous construit autour de l'amour courtois, ce serait celui de l'orthographe :

    les prêtres qui couchaient avec des femmes de mauvaise vie commettaient un péché, pas un pêcher. Ou alors que de fruits on aurait pu encore cueillir sur tous ces pêchers ! Une récolte d'abondance...

    J'aime beaucoup le rappel de fardoise que tout ce que l'église n'a pu récupérer elle l'a combattu.

    On a pu dans une certaine mesure transférer sur la vierge Marie le culte de la déesse mère, mais en partie seulement...

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  9. Nathalie : je suis autant terrifiée que écroulée de rire à la lecture de ton commentaire, où ô stupeur, j'ai confondu l'arbre et la faute commise par un catholique, et pourtant, je m'étais dit en écrivant de bien faire attention à son orthographe ! Emballée par toutes ces histoires chevaleresques j'en ai perdu mon latin !
    Et si je disais que c'est fait exprès pour écrire à la façon du vieux français, ça passe mieux ? Non hein !
    Tant pis, il faut bien de temps en temps montrer ses faiblesses, si les prêtres les ont montrées pourquoi pas moi après tout ?
    Pour ce qui est du repiquage de l'église sur la culture celte, elle a dérobé plus de choses qu'on ne pourrait le penser au départ ! Elle a fait une mixture qui l'arrangeait, mais n'a pas vraiment été novatrice en matière de symbolique, d'iconographie et des cultes s'y rapportant, avec de la censure à outrance. En revanche, ils ont été très créatifs pour semer la crainte dans les esprits !

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  10. Dans le mille !!!
    Non, je plaisante, té je vais parodier l'autre tache de "tête fraiche", c'est pas catholique tout ça...

    L'amour courtois en prit un vrai coup après quelques années d'inquisition, il aurait dit : "tuez les tous & dieur reconnaitra les siens", drôle de conception de la miséricorde!!!
    Salut Mathilde, au fait la 5ème de Ravel de la vrai bombe...
    Sergi G de Marsyas 2

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  11. Sergi : je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas réussi à approuver ton commentaire par le biais classique, alors du coup j'ai fait un copier coller de ton commentaire, je n'ai rien trouvé de mieux.
    "La 5ème de Ravel de la vraie bombe" me fait beaucoup rire comme appréciation !
    Et si ton commentaire n'est pas très catholique ce n'est pas grave si tu n'es pas toi même très catholique !
    Hasta la vista amigo.

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  12. J'ai été radié à vie du catéchisme à 8 ans motif : avait agressé le curé, avec son stylo en le lui plantant dans la main...?
    Depuis c'est dur... d'être aussi mou devant l'éternité & la miséricorde...
    Allez voir les poème de Dal Falco sur Marsyas : du concentré de ce que vous voulez...!
    Bon dimanche à tous
    Sèrgi

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  13. Sergi : Quelle histoire le stylo dans la main du curé ! Eh bien dis donc de chez dis donc !
    Je te promets que j'irais lire le texte, j'ai bien vu que tu avais publié, mais je te promets que j'irais voir ce soir ! Là il faut que je bouge !

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