Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)

Tout ce qui n'est pas donné ou partagé est perdu (proverbe gitan)
Ici c'est le printemps toute l'année !!!

samedi 28 avril 2012

De fabuleux oiseaux






















Comme un vol criard d'oiseaux en émoi,
Tous mes souvenirs s'abattent sur moi,
S'abattent parmi le feuillage jaune
De mon coeur mirant son tronc plié d'aune
Au tain violet de l'eau des Regrets,
Qui mélancoliquement coule auprès,
S'abattent, et puis la rumeur mauvaise
Qu'une brise moite en montant apaise,
S'éteint par degrés dans l'arbre, si bien
Qu'au bout d'un instant on n'entend plus rien,
Plus rien que la voix célébrant l'Absente,
Plus rien que la voix - ô si languissante! -
De l'oiseau qui fut mon Premier Amour,
Et qui chante encor comme au premier jour;
Et, dans la splendeur triste d'une lune
Se levant blafarde et solennelle, une
Nuit mélancolique et lourde d'été,
Pleine de silence et d'obscurité,
Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure
L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure.

Paul Verlaine
Paysages tristes
Poèmes saturniens




Mathilde Primavera.

Quand les animaux se mêlent de poésie





COMPTINE

J'avais une vache

elle est au salon

J'avais une rose

elle est en chemise

et en pantalon

J'avais un cheval

il cuit dans la soupe

dans le court-bouillon

J'avais une lampe

le ciel me l'a prise

pour les nuits sans lune

J'avais un soleil

il n'a plus de feu

je n'y vois plus goutte

je cherche ma route

comme un malheureux.

Jean Tardieu


Les animaux ont du souci

Le pauvre crocodile n'a pas de C cédille

On a mouillé les L de la pauvre grenouille

Le poisson scie

A des soucis

Le poisson sole

Ca le désole

Mais tous les oiseaux ont des ailes

Même le vieil oiseau bleu

Même la grenouille verte

Elle a deux L avant le E

Laissez les oiseaux à leur mère

Laissez les ruisseaux dans leur lit

Laissez les étoiles de mer

Sortir si ça leur plaît la nuit

Laissez les p'tits enfants briser leur tirelire

Laissez passer le café si ça lui fait plaisir

La vieille armoire normande

Et la vache bretonne

Sont parties dans la lande en riant comme deux folles

Les petits veaux abandonnés

Pleurent comme des veaux abandonnés

Car les petits veaux n'ont pas d'ailes

Comme le vieil oiseau bleu

Ils ne possèdent à eux deux

Que quelques pattes et deux queues

Laissez les oiseaux à leur mère

Laissez les ruisseaux dans leur lit

Laissez les étoiles de mer

Sortir si ça leur plaît la nuit

Laissez les éléphants ne pas apprendre à lire

Laissez les hirondelles aller et revenir

Jacques Prévert



La perdrix

Quand la perdrix

Voit ses petits

En danger, et n'ayant qu'une plume nouvelle

Qui ne peut fuir encor par les airs le trépas,

Elle fait la blessée, et va traînant de l'aile,

Attirant le chasseur et le chien sur ses pas,

Détourne le danger, sauve ainsi sa famille ;

Et puis quand le chasseur croit que son chien la pille,

Elle lui dit adieu, prend sa volée, et rit

De l'homme qui, confus, des yeux en vain la suit.

Jean de la Fontaine





Mathilde Primavera.

samedi 21 avril 2012

Poésie au féminin



Dors !

L'orage de tes jours a passé sur ma vie ;
ton sort, j'ai pleuré de tes pleurs ;
Où ton âme a monté mon âme l'a suivie ;
Pour aider tes chagrins, j'en ai fait mes douleurs.

Mais, que peut l'amitié ? l'amour prend toute une âme !
Je n'ai rien obtenu ; rien changé ; rien guéri :
L'onde ne verdit plus ce qu'a séché la flamme,
Et le coeur poignardé reste froid et meurtri.

Moi, je ne suis pas morte : allons ! moi, j'aime encore ;
J'écarte devant toi les ombres du chemin :
Comme un pâle reflet descendu de l'aurore,
Moi, j'éclaire tes yeux ; moi, j'échauffe ta main.

Le malade assoupi ne sent pas de la brise
L'haleine ravivante étancher ses sueurs ;
Mais un songe a fléchi la fièvre qui le brise ;
Dors ! ma vie est le songe où Dieu met ses lueurs.

Comme un ange accablé qui n'étend plus ses ailes,
Enferme ses rayons dans sa blanche beauté,
Cache ton auréole aux vives étincelles :
Moi je suis l'humble lampe émue à ton côté


Marceline Desbordes-Valmore 
1786-1859 






La voix d'un ami

Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre
Qui promenait mon âne au chemin des éclairs
Ou s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs,
Eveille un peu ta voix que je voudrais entendre.

Elle manque à ma peine, elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !

Souffle vers ma maison cette flamme sonore
Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux.
Inutile à la terre, approche-moi des cieux.
Si l'haleine est en toi, que je l'entende encore !

Elle manque à ma peine ; elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !

Marceline Desbordes-Valmore 
1786-1859 






Mathilde Primavera.


vendredi 20 avril 2012

Eclairons nous !




Je ne sais pas si je suis le cachet effervescent contre la migraine, ou carrément le mal de crâne lui même !

En clair, impatiente de découvrir le résultat des élections présidentielles, je suis une vraie pile électrique.
Rajoutez à cela un arrêt du tabac sans aucun substitut de nicotine et vous obtiendrez carrément toutes les lumières clignotantes de la totalité des discothèques du monde entier.
Et surtout, arrêtez donc de dire que j'ai le don de l'exagération car je vous assure que les métaphores soigneusement choisies ici sont légères comparées à mon ressenti physique actuel.

Bien que je sois une grande idéaliste, j'ai toutes les bonnes raisons de la Terre d'espérer un changement politique.
En effet, je ne peux pas concevoir que tous les français trouvent la situation actuelle agréable, je ne peux pas imaginer trente secondes qu'aucun ne voit le scénario catastrophique bers lequel nous allons, telle la crise qu'est en train de traverser la Grèce.






Il faut surtout arrêter de penser que les hommes politiques ne peuvent pas faire stopper cette dégringolade.
Des solutions il en existe toujours, il faut simplement avoir envie que les riches ne soient pas les seuls à se retrouver dans une situation confortable.
Être cynique, ou désabusé par rapport à ces élections serait comme accepter tout et n'importe quoi de la part de ceux qui nous gouvernent.
Dans la vie on a rien sans rien, on le sait, on est venu au monde pour en c...et pour se battre, à plus forte raison si nous ne sommes pas nés avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Et, ô combien même cela aurait été le cas, j'ose espérer, pour ma part, avoir été solidaire avec les plus démunis !
Il ne s'agit là ni de charité chrétienne, ni de morale, mais bel et bien le fait de mettre à l'honneur le droit de vote si durement acquis pour que chacun puisse choisir qui va pouvoir nous faire vivre dans la dignité, sans honte, dans un pays qui est censé être la cinquième puissance mondiale !






Puis, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'en 2012 nous sommes en numérologie en année 5, un chiffre qui représente le changement.
Nous aurons peut-être déjà une vague idée dimanche prochain de s'il faut accorder de l'importance ou non à...la numérologie, car pour le reste je vous ai déjà dit ce que j'en pensais !

"Pinaise", virez moi tous ces briquets de ma vue, je n'ai aucunement besoin de feu supplémentaire !!!






L'INTERNATIONALE
Couplet 1 :
Debout ! l'âme du prolétaire
Travailleurs, groupons nous enfin.
Debout ! les damnés de la terre !
Debout ! les forçats de la faim !
Pour vaincre la misère et l'ombre
Foule esclave, debout ! debout !
C'est nous le droit, c'est nous le nombre :
Nous qui n'étions rien, soyons tout :

Refrain :
C’est la lutte finale
Groupons-nous et demain
L’Internationale
Sera le genre humain :

Couplet 2 :
Il n’est pas de sauveurs suprêmes :
Ni Dieu, ni César, ni Tribun.
Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes ;
Travaillons au salut commun.
Pour que les voleurs rendent gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot,
Allumons notre grande forge !
Battons le fer quand il est chaud !

Refrain

Couplet 3 :
Les Rois nous saoulaient de fumées
Paix entre nous ! guerre aux Tyrans !
Appliquons la grève aux armées
Crosse en l’air ! et rompons les rangs !
Bandit, prince, exploiteur ou prêtre
Qui vit de l'homme est criminel ;
Notre ennemi, c'est notre maître :
Voilà le mot d'ordre éternel.

Refrain

Couplet 4 :
L'engrenage encor va nous tordre :
Le capital est triomphant ;
La mitrailleuse fait de l'ordre
En hachant la femme et l'enfant.
L'Usure folle en ses colères
Sur nos cadavres calcinés
Soude à la grève des Salaires
La grève des assassinés.

Refrain

Couplet 5 :
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs.
La terre n’appartient qu’aux hommes.
L'oisif ira loger ailleurs.
C'est de nos chairs qu'ils se repaissent !
Si les corbeaux si les vautours
Un de ces matins disparaissent....
La terre tournera toujours.

Refrain

Couplet 6 :
Qu'enfin le passé s'engloutisse !
Qu'un genre humain transfiguré
Sous le ciel clair de la Justice
Murisse avec l'épi doré !
Ne crains plus les nids de chenilles
Qui gâtaient l'arbre et ses produits
Travail, étends sur nos familles
Tes rameaux tout rouges de fruits

Refrain












Mathilde Primavera.

mercredi 18 avril 2012

Un peu de poésie au masculin




LES OISEAUX DÉGUISÉS

Tous ceux qui parlent des merveilles
Leurs fables cachent des sanglots
Et les couleurs de leur oreille
Toujours à des plaintes pareilles
Donnent leurs larmes pour de l'eau

Le peintre assis devant sa toile
A-t-il jamais peint ce qu'il voit
Ce qu'il voit son histoire voile
Et ses ténèbres sont étoiles
Comme chanter change la voix

Ses secrets partout qu'il expose
Ce sont des oiseaux déguisés
Son regard embellit les choses
Et les gens prennent pour des roses
La douleur dont il est brisé

Ma vie au loin mon étrangère
Ce que je fus je l'ai quitté
Et les teintes d'aimer changèrent
Comme roussit dans les fougères
Le songe d'une nuit d'été

Automne automne long automne
Comme le cri du vitrier
De rue en rue et je chantonne
Un air dont lentement s'étonne
Celui qui ne sait plus prier


LOUIS ARAGON



Mathilde Primavera.